Ah, l’orthographe française, ce vieux monstre sacré ! Qui n’a jamais transpiré devant une dictée en se demandant : “Mais pourquoi faut-il écrire ‘chevaux’ avec un ‘x’ et non ‘chevals’ ?” 🙄 Ou encore, pourquoi diable a-t-on ajouté cet accent circonflexe sur le “i” de “naître” alors qu’il ne change absolument rien à la prononciation ? Vous voyez où je veux en venir… L’orthographe française est souvent un casse-tête, même pour les natifs. Mais pourquoi est-elle si compliquée ? Et surtout, peut-on vraiment la simplifier sans perdre l’essence de la langue ?
Dans cet article, nous allons explorer les raisons pour lesquelles la langue française est si difficile à maîtriser et surtout, nous allons voir comment il serait possible de la simplifier, pour le bien-être de tous, et surtout de ceux qui souffrent de troubles DYS comme la dyslexie. Parce que, franchement, est-ce que tout ce stress est vraiment nécessaire ? Spoiler alert : non.
Un héritage étymologique encombrant
Si vous avez déjà étudié un peu de latin ou de grec (et même si vous ne l’avez pas fait), vous savez probablement que notre belle langue française vient en grande partie de ces deux langues. C’est là que se trouve le premier coupable : l’héritage étymologique. La langue française a évolué à partir du latin et du grec ancien, mais elle a conservé des traces écrites qui n’ont plus de raison d’être.
Prenons l’exemple du mot “temps”. La lettre “p”, soyons honnêtes, ne sert à rien. Elle ne se prononce pas, mais elle est là. Pourquoi ? Parce que, dans sa forme latine tempus, cette lettre était bien audible. Mais comme tout un tas de lettres muettes, elle est restée accrochée à notre orthographe comme une vieille déco de Noël qu’on n’a jamais pris la peine d’enlever. Et cette situation se retrouve partout dans notre langue : des lettres qui ne se prononcent plus mais qui continuent à complexifier l’écriture.
Un décalage entre l’écrit et l’oral
Le deuxième coupable dans notre enquête est l’évolution de la langue elle-même. Depuis le Moyen Âge, la façon dont on parle français a énormément changé, mais l’écriture, elle, a préféré rester figée dans le temps. Résultat : il y a un grand décalage entre la manière dont on écrit et celle dont on parle.
Prenons par exemple le mot “oiseau”. Rien, dans la prononciation de ce mot, ne vous prépare à l’orthographe torturée que vous découvrirez plus tard. Pourtant, voilà, “oiseau” s’écrit avec toutes ces lettres muettes qui ne servent à rien. Ce phénomène crée un grand écart entre les sons et les graphies, ce qui complique l’apprentissage pour tout le monde, et en particulier pour ceux qui souffrent de troubles DYS, pour qui cette correspondance est déjà un défi majeur.
Une standardisation tardive (et arbitraire)
Si vous pensiez que l’orthographe française a toujours été aussi rigide, détrompez-vous. Pendant longtemps, les gens écrivaient un peu comme ils voulaient. C’était à la fois une période de grande liberté, mais aussi de grande confusion. Puis, au 17ème siècle, l’Académie française est entrée en scène et a décidé qu’il était temps de mettre un peu d’ordre dans tout ça. Une noble intention, certes, mais avec des effets secondaires non désirés.
L’Académie a figé des règles d’orthographe qui étaient, pour certaines, plus issues d’un souci de prestige que de logique linguistique. Le fameux accent circonflexe, par exemple, fut introduit pour remplacer des “s” dans des mots comme “forêt” ou “hôpital”, simplement parce que cela faisait plus chic. Pratique, hein ?
L’orthographe comme outil de distinction sociale
Cela nous amène au quatrième point : l’orthographe est devenue, au fil du temps, un marqueur social. Plus vous maîtrisez les subtilités de la langue, plus vous êtes perçu comme quelqu’un de cultivé, d’éduqué. Mais cela implique que ceux qui peinent avec l’orthographe, comme beaucoup de personnes souffrant de troubles DYS, sont trop souvent jugés sévèrement. L’orthographe n’est plus seulement un moyen de communication ; elle est devenue un outil de discrimination.
Arnaud Hoedt et Jérôme Piron, dans leur célèbre conférence TEDx intitulée La Faute de l’Orthographe , soulignent ce paradoxe : nous avons érigé l’orthographe en symbole de l’intelligence, alors qu’en réalité, c’est souvent un outil arbitraire et rigide qui n’a rien à voir avec la qualité de la pensée ou la créativité. En d’autres termes, si vous faites des fautes, ce n’est pas forcément parce que vous êtes bête, mais peut-être parce que l’orthographe elle-même est absurde. Une réflexion qui fait son chemin, non ?
je vous invite à regarder la conférence TEDx de Arnaud Hoedt et Jérôme Piron sur la faute de l’orthographe sur le sujet.
Comment pourrait-on simplifier l’orthographe ?
Maintenant que nous avons bien décrypté pourquoi l’orthographe française est si compliquée, il est temps de se demander comment on pourrait la simplifier. Bonne nouvelle : des solutions existent déjà, et certaines ont même été mises en œuvre dans d’autres langues avec succès. Voici quelques pistes pour simplifier notre chère orthographe.
1. Supprimer les lettres muettes
C’est la proposition la plus évidente : pourquoi ne pas simplement supprimer les lettres qui ne se prononcent pas ? Pourquoi écrire “temps” avec un “p” ? Ou “cheval” avec un “x” au pluriel ? Si on remplaçait “chevaux” par “chevals”, je vous parie que tout le monde s’y habituerait très vite. C’est une réforme qui ferait du bien à tout le monde, et notamment aux élèves et aux personnes dyslexiques, qui ont déjà du mal à décoder ces graphies complexes. Le français y gagnerait en clarté et en accessibilité.
2. Simplifier l’accord du participe passé
On a tous, à un moment ou à un autre, hésité devant un participe passé : “J’ai mangé des pommes” ou “j’ai mangées des pommes” ? On fait l’accord ou pas ? La règle du participe passé est un cauchemar pour beaucoup, et sa simplification rendrait la vie plus facile à des millions de personnes. Il suffirait de rendre le participe passé invariable avec l’auxiliaire “avoir”. Facile, non ?
En réalité, cette simplification a déjà été proposée dans le cadre des réformes de l’orthographe de 1990. Mais comme souvent avec ces réformes, elle est restée optionnelle. Ce qui nous amène à notre prochain point…
3. Appliquer vraiment les réformes de 1990
Eh oui, beaucoup de gens l’ignorent, mais en 1990, un ensemble de réformes a été proposé pour simplifier certaines règles, notamment l’utilisation de l’accent circonflexe (vous pouvez écrire “connaitre” sans accent, par exemple). Mais faute d’une volonté politique forte, ces réformes n’ont jamais été rendues obligatoires, et leur adoption est restée très limitée.
Si on appliquait ces réformes à grande échelle, cela permettrait déjà d’alléger un peu la lourdeur de la langue. Et surtout, cela enverrait un signal fort : la langue française est capable de s’adapter aux réalités modernes.
4. S’inspirer des autres langues
D’autres langues ont déjà entrepris avec succès des réformes orthographiques. L’allemand, par exemple, a été simplifié en 1996 avec une réforme qui a notamment revu l’usage des majuscules et des consonnes doubles. Le portugais a connu une réforme en 2009 pour harmoniser l’orthographe entre les pays lusophones, simplifiant certaines règles en cours de route.
Pourquoi ne pas faire de même en français ? Après tout, si d’autres langues l’ont fait sans perdre leur richesse, pourquoi pas nous ?
5. Repenser notre rapport à l’orthographe
Enfin, au-delà des réformes pratiques, il est important de repenser notre rapport à l’orthographe. Arnaud Hoedt et Jérôme Piron ont raison de souligner que l’orthographe, telle qu’elle est aujourd’hui, est souvent utilisée comme un outil pour discréditer les autres, pour juger leur intelligence ou leur niveau d’éducation. Il est temps d’abandonner cette vision élitiste et de comprendre que l’orthographe n’est qu’un outil. Ce n’est pas une fin en soi.
Exemples :
L’âne, traînant sa lourde charrette, traversa le labyrinthe tortueux. Il évita habillement le bourreau au regard menaçant, tout en admirant un magnifique rhododendron. Son parcours, pittoresque et périlleux, fut marqué par l’énigme de ce monde labyrinthique et énigmatique.
L’âne, trainant sa lourde carete, traverça le labirinte tortueus. Il évita habilment le bureau au regard menaçant, tout en admirant un magnifique rododendron. Son parcurs, pitoresque et périlleux, fut marqué par l’énigme de ce monde labirintique et énigmatique.
Conclusion : Une langue plus simple, plus inclusive ?
Simplifier l’orthographe française, c’est la rendre plus accessible pour tout le monde, et en particulier pour ceux qui souffrent de troubles DYS. Ce serait une manière d’alléger la charge cognitive imposée par des règles souvent arbitraires et illogiques. De plus, cela permettrait à la langue de mieux refléter la réalité de la prononciation actuelle, ce qui faciliterait l’apprentissage pour les jeunes générations et les apprenants étrangers.
Mais au-delà des questions pratiques, simplifier l’orthographe, c’est aussi repenser notre rapport à la langue. C’est s’interroger sur les inégalités sociales qui découlent de l’orthographe, et faire en sorte que celle-ci cesse d’être un instrument de discrimination.
Alors, pourquoi ne pas franchir le pas ? Après tout, la langue française est un outil vivant, en constante évolution. Il est temps de lui donner un bon coup de balai et de la rendre plus accessible, plus juste, et surtout plus en phase avec notre époque. Et si vous voulez en savoir plus sur ce sujet fascinant, découvrir le Dictionnaire de l’orthographe rationalisée du français.
À vos stylos (ou plutôt, vos claviers) ! ✍️