
Les grandes vacances sont souvent vécues comme un dilemme par les parents d’enfants DYS. D’un côté, on voudrait profiter de l’été pour combler certaines lacunes scolaires : ce fameux « retard » qui inquiète et qu’on aimerait voir se résorber avant la rentrée. De l’autre, on sait que notre enfant a besoin de souffler après une année d’efforts intenses. La clé pour résoudre ce dilemme ? Stimulation bienveillante. Autrement dit, trouver des manières d’aider son enfant à progresser durant l’été, sans le brusquer ni transformer les vacances en cours de rattrapage intensifs. Ici, pas question de lui coller le nez dans des manuels du matin au soir ! Il s’agit plutôt de tirer parti de cette période plus libre pour l’encourager, le renforcer et lui redonner confiance, le tout dans la joie et la bonne humeur.
Comprendre le « retard » scolaire
Première étape : dédramatiser et relativiser ce fameux « retard scolaire ». Les enfants DYS apprennent différemment, souvent plus lentement dans certains domaines, mais cela ne signifie pas qu’ils n’y arriveront jamais. Comme le dit un adage anglophone, « ils ne sont pas en retard, ils suivent leur propre calendrier ! ». En tant que parent, il est normal de s’inquiéter en comparant les bulletins ou les lectures laborieuses de votre enfant à celles des autres. Cependant, rappelez-vous que chaque progression, même petite, est une victoire. Plutôt que de focaliser sur les points négatifs (« il est en retard en lecture de X mois »), on peut choisir de voir ce qu’il sait déjà faire et bâtir dessus. Avant de commencer les activités de vacances, faites le point calmement : quelles sont les vraies difficultés de votre enfant ? Est-ce la lecture à voix haute ? La compréhension des textes ? L’orthographe ? Le calcul mental ? En identifiant 1 ou 2 axes prioritaires, vous pourrez mieux cibler les stimulations sans vous éparpiller.
Ensuite, expliquez à votre enfant que l’objectif de l’été n’est pas de “combler un retard” au sens strict, car cette expression peut être culpabilisante. Parlez plutôt de « prendre confiance », « s’entraîner tranquillement », « préparer la prochaine classe en douceur ». Les mots comptent : évitez devant lui le terme retard, qui pourrait le vexer ou le décourager. Insistez sur le fait que chacun apprend à son rythme, et que l’été va l’aider à consolider ce qu’il a appris, pour démarrer l’année du bon pied. En adoptant cette approche positive, vous mettez votre enfant dans de bonnes dispositions : il comprendra que vous n’êtes pas là pour le pousser à bout mais pour l’accompagner.
Stimuler sans sur-stimuler : la bienveillance avant tout
Votre enfant sort d’une année fatigante, peut-être éprouvante émotionnellement (sentiment de décalage en classe, baisse d’estime de soi, etc.). Pas question de reproduire en juillet-août l’ambiance « devoirs sous tension » des soirs de semaine. Pour l’aider à progresser, commencez par instaurer un climat détendu et rassurant Cela passe par quelques attitudes simples :
- Valoriser l’effort plutôt que le résultat : Si vous décidez de faire une petite session de révision, félicitez votre enfant avant tout d’avoir essayé et persévéré, même s’il se trompe. Par exemple, vous révisez quelques mots de dictée : s’il en orthographie 3 sur 10 correctement, ne dites pas « il y a 7 erreurs », dites-lui « Bravo, tu as trouvé 3 mots juste tout seul, c’est super ! On va regarder ensemble les autres, je vais t’aider à comprendre ». L’idée est de lui redonner confiance, pas de souligner ses échecs. Un enfant encouragé ose plus, et plus il ose, plus il apprend – c’est un cercle vertueux.
- Être à l’écoute de ses émotions : Si votre enfant montre des signes de lassitude, de frustration ou d’angoisse pendant une activité, ne forcez pas le passage. Une petite pause s’impose ! La bienveillance, c’est accueillir ses difficultés sans jugement. Peut-être que ce jour-là, il n’est pas disposé parce qu’il a mal dormi, ou parce qu’il préférerait jouer dehors. N’hésitez pas à lui demander son avis : « Tu n’as pas l’air d’humeur pour ces exercices, on les fera plus tard, ça te va ? Qu’est-ce qui te ferait envie maintenant ? ». Parfois, discuter quelques minutes de ce qu’il ressent (« J’en ai marre de toujours faire des efforts », « Je me sens nul »…) permet de désamorcer la situation. Rappelez-lui que vous comprenez que c’est dur, mais que vous êtes là pour le soutenir, et qu’il a déjà beaucoup progressé. Mettre des mots sur ses émotions et être entendu fait des merveilles sur sa motivation ensuite.
- Instaurer un rituel doux : Plutôt que de réviser à n’importe quel moment sur un coup de tête (ce qui peut provoquer des « Allez, on s’y met maintenant ! » un peu brusques), instaurez un petit rituel régulier, prévisible et court. Par exemple, chaque matin après le petit-déjeuner, ou en fin d’après-midi à l’ombre, on fait 10-15 minutes d’activités scolaires ludiques. Annoncez-le à l’avance (« On fera un petit jeu de lecture après le goûter ») pour qu’il s’y prépare mentalement. Tenez un rythme cohérent (mais flexible si besoin, on n’est pas à l’armée !) de façon à ce que ça devienne une habitude, pas une surprise redoutée. Et bien sûr, entourez ce rituel de choses agréables : un lieu confortable (assis dans le jardin, ou sur la terrasse avec un jus de fruits), un tableau de motivation (coller un autocollant sur le calendrier à chaque séance faite, avec un petit cadeau symbolique après X séances… pourquoi pas). L’enfant doit sentir que ce n’est qu’un petit moment dans la journée, et non pas que ses vacances tournent autour de ça.
Approches ludiques pour rattraper en douceur
Pour aider votre enfant à rattraper certaines bases, inutile de ressortir le manuel scolaire. Pensez pédagogie alternative et ludique. Voici quelques idées ciblées par domaines, testées et approuvées par des parents d’enfants DYS :
- Lecture : Si la lecture est laborieuse, privilégiez des supports attractifs. Les livres audio peuvent être un excellent outil : choisissez un roman qu’il aime et écoutez-le ensemble, texte sous les yeux, en suivant du doigt (il s’imprègne de la correspondance son/texte sans l’effort de décodage). Les magazines pour enfants, avec leurs courts articles et nombreuses images, sont plus digestes qu’un livre entier. Vous pouvez aussi mettre en place le « quart d’heure lecture en duo » : chaque jour, vous lisez à haute voix un petit chapitre d’une histoire pendant qu’il suit, puis il lit une ou deux phrases à son tour (pour participer). Progressivement, augmentez le nombre de phrases lues par lui, en fonction de sa confiance. Astuce : choisissez un livre qu’il adore (même si c’est simple ou en dessous de son niveau théorique) pour qu’il soit motivé par l’histoire. Et bien sûr, félicitez chaudement chaque passage lu. L’objectif est qu’il vive des succès en lecture pendant l’été, afin de repartir en septembre en se disant « je peux y arriver ! ».
Orthographe/écriture : Un enfant Dyslexique / dysorthographique a souvent horreur des dictées et des rédactions. Pour travailler l’orthographe de façon bienveillante, pensez aux jeux de lettres. Le jeu du Scrabble Junior ou Bananagram (lettres sur des tuiles à assembler en mots) peut l’aider à s’entraîner sans feuille ni stylo. Il existe aussi des applications ludiques de type « quiz orthographe » ou des cartes-éclair (flashcards) à manipuler. Autre idée sympa : tenir un petit chat écrit avec un parent ou un proche. Par exemple, si vous êtes à la maison et votre enfant chez les grands-parents, envoyez-lui chaque jour un court message sur WhatsApp (ou SMS) et encouragez-le à répondre par écrit. Les enfants adorent communiquer avec les textos, et même si c’est truffé de fautes, ce n’est pas grave : vous pourrez reprendre certains mots plus tard dans un contexte d’apprentissage (par exemple, s’il a écrit « onn é allé a la plaje », le lendemain vous lui montrez “au fait, on est allés à la plage, tu vois on met un s à allés parce que… etc.” très brièvement). L’important est qu’il écrive pour de vrai, pas pour un exercice fictif, et qu’il prenne du plaisir à échanger.
Maths : Beaucoup d’enfants DYS (notamment les dyspraxiques ou dyscalculiques) peuvent avoir accumulé du retard en maths. Là encore, les jeux et situations concrètes sont vos alliés. Jouez à la marchande : étiquetez des objets de la maison avec des prix en euros et amusez-vous à lui faire acheter et rendre la monnaie (avec de la fausse monnaie, ou même de vraies pièces pour le réalisme). Faites des concours de calcul mental en voiture (“si on doit être à 18h au cinéma et qu’il est 17h15, combien de minutes il reste ?”). Pour les notions plus abstraites (multiplications, fractions), il existe des jeux de cartes éducatifs (par ex. Multiplix pour les tables de multiplication, ou des dominos des fractions). Si votre enfant aime les activités manuelles, la cuisine est encore une fois un terrain de jeu mathématique : doublez les quantités d’une recette (fractions, proportions), ou servez-vous des tasses doseuses pour visualiser 1/4, 1/2, etc. L’idée générale : ancrer les maths dans le réel. Ainsi, l’enfant comprend mieux et mémorise plus durablement, sans avoir l’impression de faire des maths “gratuites”. Et à force de jouer au caissier ou de compter les points au ping-pong, il aura gagné en aisance sur des compétences de base.
- Mémoire et méthodologie : Si votre enfant a du mal à retenir ses leçons ou à s’organiser, profitez de l’été pour lui enseigner quelques trucs de manière ludique. Par exemple, apprenez-lui à faire des cartes mentales (mindmaps) pour raconter sa journée : cela l’habituera à structurer ses idées visuellement, technique très utile pour les leçons d’histoire ou de géo plus tard. Vous pouvez dessiner ensemble la carte de vos vacances : au centre “Mes vacances 2025”, puis des branches “À la mer”, “À la maison”, “Chez Mamie” avec ce que vous avez fait à chaque endroit. C’est amusant à créer avec des couleurs et dessins, et ça exerce son cerveau à catégoriser les informations. Autre astuce : travailler la mémoire visuelle et auditive via des petits jeux type Memory, Simon (le jeu électronique qui fait des séquences de couleurs/sons à reproduire) ou simplement chanter ensemble des chansons et essayer de se souvenir des paroles. Tout cela améliore ses capacités de concentration et de mémorisation sans passer par la case “révisions scolaires”.
Faire appel aux centres d’intérêt de l’enfant
Un moteur puissant de progression, c’est la passion. Votre enfant adore les dinosaures, le football ou les mangas ? Servez-vous-en comme levier. Un enfant dysphasique fan de dinos écrira volontiers (avec de l’aide) les noms de ses 5 dinosaures préférés pour légender un dessin. Un ado dyslexique féru de gaming lira avec plaisir un article de blog sur la nouvelle mise à jour de Minecraft (même si c’est ardu, la motivation le poussera). Une jeune dyspraxique qui rêve de pâtisserie va s’accrocher pour lire et réaliser une recette de cupcakes licorne, bien plus que n’importe quel exercice imposé. Intégrer les apprentissages dans un contexte qu’il aime décuple l’enthousiasme et l’efficacité. Profitez donc de l’été pour explorer avec lui ses hobbies à fond : faites des projets autour de ça, quitte à y glisser du contenu pédagogique sans qu’il s’en rende compte. Par exemple, si votre enfant aime le foot : proposez-lui de tenir le journal de la Coupe du Monde (même imaginaire) en écrivant chaque jour le score de matchs que vous inventez ensemble, ou calculez avec lui les statistiques de son joueur favori (moyenne de buts par match, etc.). Si c’est la nature : pourquoi ne pas créer un petit blog ou carnet où il poste des photos d’animaux pris durant les balades, avec une petite description ? Il tapera quelques phrases sur l’ordinateur (exercice d’écriture + technologie) et sera fier de faire comme un « vrai blogueur ». En un mot : personnalisez les apprentissages selon ce qui fait briller ses yeux. Loin du cadre rigide de l’école, vous avez carte blanche pour être créatif et connecter savoirs et plaisirs personnels.
Utiliser les outils numériques et professionnels
La période estivale peut aussi être l’occasion d’introduire ou de renforcer l’usage de technologies d’aide. De nombreuses applications et logiciels ludiques peuvent stimuler les compétences DYS : jeux d’orthographe sur tablette, apps de lecture syllabique, entraînements cognitifs sous forme de quizz… Par exemple, l’application Poppins propose des jeux de langage écrit conçus par des orthophonistes, mêlant musique et lecturepoppins.io. Sans transformer l’enfant en accro aux écrans, un petit temps de jeu éducatif numérique, sous surveillance, peut apporter de la variété et motiver un enfant qui est à l’aise avec le digital. Veillez simplement à choisir des contenus de qualité (consultez les avis d’autres parents, les notes, ou des ressources comme le site de la Fédération Française des DYS qui recommande certains outils).
Par ailleurs, si votre enfant bénéficie de rééducations (orthophonie, psychomotricité…), discutez avec les professionnels avant les vacances. Certains vous donneront peut-être des conseils d’exercices simples à faire de temps en temps, ou au contraire vous recommanderont de faire un break complet si l’enfant est saturé. Chaque situation est différente. Il existe également des stages intensifs de remise à niveau ou des colonies de vacances spécialisées (on parle de “vacances apprenantes”). Ces dispositifs peuvent être intéressants pour certains enfants, mais assurez-vous que le cadre convienne au vôtre. Si votre enfant est d’accord et motivé à l’idée d’un stage de quelques jours avec d’autres élèves, cela peut le faire progresser tout en lui montrant qu’il n’est pas seul dans ses difficultés. En revanche, s’il a vraiment besoin de couper avec le scolaire en été, inutile de le forcer : le risque de démotivation serait plus grand que le bénéfice. Bienveillance rime aussi avec respecter les besoins de son enfant.
Progresser à son rythme… et célébrer chaque victoire
Stimuler un enfant DYS pendant les vacances, c’est un peu comme jardiner : on plante des petites graines d’apprentissage chaque jour, on arrose avec beaucoup d’encouragements et de patience, et on le regarde s’épanouir à son rythme. Il est crucial de célébrer chaque progrès, aussi minime soit-il. Votre fils a enfin réussi à lacer ses chaussures tout seul (merci les matins sans stress des vacances où on a pris le temps) ? Faisons-en un événement : on trinque au sirop grenadine pour fêter ça ! Votre fille a lu une page entière de son livre sans buter sur les mots qu’avant elle n’arrivait pas à déchiffrer ? Dites-lui à quel point vous êtes fier d’elle. Ce ne sont pas de “petites” victoires : ce sont des pas de géant pour un enfant DYS, et ils méritent reconnaissance. Plus vous soulignez le positif, plus vous nourrissez sa confiance en lui, carburant indispensable pour la rentrée.
Gardez aussi en tête que l’été n’effacera pas magiquement toutes les difficultés. Et ce n’est pas grave. Si, malgré vos efforts, votre enfant confond encore le b et le d en septembre, ou compte sur ses doigts les additions, ne dramatisez pas. Vous aurez planté des graines qui germeront peut-être plus tard, parfois au détour d’une leçon avec un(e) enseignant(e) qui fera tilt grâce au socle que vous avez posé. L’important, c’est que votre enfant retourne à l’école apaisé et remotivé, pas nécessairement avec un niveau académique métamorphosé. En travaillant en bienveillance, vous aurez au moins consolidé son amour-propre et montré que vous croyez en lui – ce qui, sur le long terme, est tout aussi crucial que de savoir parfaitement ses tables de multiplication.
Conclusion
En vacances, on peut donc tout à fait stimuler les enfants DYS et les aider à progresser, à condition de le faire dans un esprit de jeu, de patience et de gentillesse. Rattraper un “retard scolaire” ne se fera pas en un été, et ce n’est pas une course. Mais chaque énigme résolue, chaque mot lu, chaque défi surmonté cet été viendra enrichir son bagage pour l’année suivante. En septembre, votre enfant pourra se dire : « J’ai passé un super été et j’ai appris plein de choses sans m’en rendre compte ! ». Et vous, vous aurez savouré ces moments complices loin de la pression des notes. Finalement, la bienveillance est le meilleur des profs d’été : grâce à elle, on apprend mieux… et on sourit plus ! 😃
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