Bonjour à tous,
Je m’appelle Camille, j’ai 17 ans et je suis dyslexique. Mon histoire commence assez tôt, en CE1 pour être précise. À l’époque, mes difficultés à lire et écrire étaient souvent mal interprétées. Mon institutrice pensait que j’étais simplement “paresseuse” ou “neuneu”, comme elle aimait me qualifier. Mais heureusement, grâce à ma mère qui s’inquiétait, je me suis retrouvée chez une orthophoniste. Et c’est là que le diagnostic est tombé : dyslexie.
Les premières années : l’incompréhension et les efforts
À cet âge-là, la dyslexie ne me dérangeait pas tant que ça. J’allais deux fois par semaine chez l’orthophoniste, et même si elle n’était pas très sympathique, j’y allais parce que ça faisait plaisir à ma mère. Elle était fière de dire que sa fille suivait ses séances sans broncher. Mais moi, je ne comprenais pas vraiment pourquoi j’étais différente. J’avais l’impression de faire les mêmes efforts que mes camarades, mais sans jamais obtenir les mêmes résultats.
L’année cauchemardesque du CM1
Le vrai choc est arrivé en CM1. C’est là que tout a basculé. J’ai eu mon premier 0/20 en dictée. Je m’en souviens encore comme si c’était hier… Mon institutrice, plutôt dure et sans patience, expliquait à mes parents que les dyslexiques étaient “des fainéants”. J’ai encore en tête la dictée où j’ai fait -24 fautes d’orthographe. Oui, vous avez bien lu : moins vingt-quatre fautes.
Cette honte, je l’ai tellement mal vécue que, un jour, j’ai pris une décision ridicule : j’ai caché une dictée. Mon cahier devait être signé par mes parents, mais j’ai collé la page pour qu’ils ne la voient pas. Évidemment, la maîtresse s’en est aperçue, et j’ai dû faire face à la vérité. Cette épisode m’a marqué : c’est là que j’ai compris que, pour beaucoup, mes difficultés étaient perçues comme un manque de volonté.
Petit à petit, cette pression constante s’est transformée en maux de tête et cauchemars. Mes journées étaient ponctuées par des migraines fréquentes, des nausées dès le réveil, et une angoisse constante qui m’empêchait de trouver du réconfort, même la nuit. Le simple fait de penser à retourner en classe me donnait des palpitations, et je me sentais de plus en plus isolée. J’avais des migraines fréquentes, des nausées le matin, et une seule envie : ne plus retourner en classe. C’était devenu insupportable. Finalement, ma mère a compris que quelque chose n’allait pas et s’est rendue à l’école. Elle a pris ma défense avec détermination, expliquant mes difficultés et demandant des aménagements pour m’aider. Grâce à son intervention, les enseignants ont commencé à mieux comprendre ma situation et à m’apporter un peu plus de soutien. Quand tout a été révélé, j’ai ressenti une immense honte : honte de ne pas réussir, honte de ne pas être “comme les autres”.
Les montagnes russes du collège
Les choses se sont calmées au collège, du moins jusqu’en troisième. Là, il a fallu demander un tiers-temps pour le brevet. Ça veut dire 20 minutes supplémentaires par heure d’épreuve. Mais quand j’ai sollicité mon médecin scolaire pour signer les papiers, surprise ! Il m’a déclaré que, puisque je n’avais jamais redoublé, je n’étais pas réellement dyslexique. Non mais, sérieusement ?! Est-ce qu’on me reprochait d’avoir suffisamment travaillé pour réussir ? J’étais abasourdie.
Pourtant, je n’ai pas lâché, et au final, j’ai obtenu mon tiers-temps… et mon brevet, avec une mention Assez Bien, s’il vous plaît ! 💪 Ce fut une première vraie victoire sur moi-même et sur ce système qui, souvent, me considérait comme un cas à part.
Le lycée, entre rêve et réalité
Arrivée au lycée, un autre choc m’attendait. Lors des portes ouvertes, la directrice a fait une remarque à ma mère qui m’a blessée profondément. J’ai vu son visage se figer, elle a pris une grande inspiration, puis elle a tenté de rester calme. Mais je savais qu’elle était furieuse et triste pour moi. Elle a suggéré que je devrais aller ailleurs parce que “les dyslexiques font baisser le taux de réussite au bac”. Oui, vous avez bien lu. C’était révoltant, et je n’en revenais pas. Mais plutôt que de fuir, j’ai décidé de m’inscrire par pur défi.
Et là, coup de chance : je suis tombée sur une prof principale géniale qui m’a énormément soutenue. Elle a pris le temps de m’écouter, de comprendre mes difficultés et de m’aider à trouver des solutions adaptées. Malgré cela, mes résultats restaient moyens. Je n’arrivais pas à prendre de notes efficacement, mes cours étaient souvent illisibles. J’ai donc fait une demande de prêt d’ordinateur et de logiciels à la MDPH. Résultat : demande refusée. Encore une fois, j’étais “pas assez handicapée”. 😒
Heureusement, mes parents ont décidé de me payer l’équipement. Et cela m’a changé la vie ! J’ai pu bénéficier de logiciels comme Antidote pour la correction orthographique, Dragon NaturallySpeaking pour la dictée vocale, et d’un ordinateur portable qui m’a permis de prendre des notes plus lisibles et mieux organisées. Grâce à l’ordinateur et aux outils adaptés, j’ai pu passer en première. L’accès à un clavier, aux correcteurs automatiques, et aux logiciels spécifiques m’a permis de compenser en partie ma dyslexie, et pour la première fois, je me suis sentie sur un pied d’égalité avec mes camarades.
Et maintenant ?
Hier, j’ai eu mon conseil de classe du troisième trimestre. Ils m’ont demandé de redoubler et de quitter le lycée pour me réorienter. Encore une fois, j’ai ressenti cette impression d’être un poids pour l’école. J’ai la possibilité d’aller contre leur avis et de passer quand même en terminale, mais pour l’instant, je suis perdue. Dois-je me battre encore une fois ou accepter ce que l’on me propose ?
Mon rêve ? Devenir éducatrice en milieu pénitentiaire. Mais aujourd’hui, je me sens faible. Pourtant, je sais que je ne dois pas abandonner. Si vous êtes comme moi, ne baissez pas les bras. Prenez tout cela comme un défi à relever. La force ne réside pas dans le fait de ne jamais tomber, mais dans notre capacité à nous relever, encore et encore.
Conclusion : Un parcours plein de leçons
Le parcours de Camille montre à quel point la dyslexie peut être mal comprise, que ce soit par les enseignants, les institutions ou même la famille. Chaque étape, du primaire au lycée, est une bataille pour prouver sa valeur et ses capacités. Pourtant, malgré les obstacles, elle avance, déterminée à ne pas se laisser définir par ses difficultés. À travers son histoire, Camille nous rappelle qu’avec du soutien, de la persévérance et un brin de défi, tout est possible. Pour chaque porte fermée, il y a une fenêtre à ouvrir, et chaque victoire, même petite, est une raison de continuer à avancer. À vous tous qui êtes dyslexiques : croyez en vous, n’abandonnez jamais, car vous êtes bien plus forts que vous ne le pensez.
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