
Obtenir son permis de conduire est un grand défi pour tout jeune… et cela peut sembler une montagne pour les jeunes DYS. Entre le Code de la route à potasser (beurk, des QCM bourrés de textes et de pièges 😅) et la conduite à maîtriser (oh la coordination des pédales pour un dyspraxique…), il y a de quoi avoir des sueurs froides. Mais rassurez-vous, des aménagements existent pour le Code et pour la conduite afin d’aider les personnes DYS à décrocher le précieux sésame ! Depuis quelques années, des sessions d’examen spécifiques ont été mises en place pour le code de la route ornikar.com, et des adaptations sont possibles lors de l’épreuve pratique. Dans cet article, on vous explique comment se passe l’examen du code sur tablette en version adaptée, comment trouver un centre ou une auto-école inclusive, quelles techniques peuvent être utilisées (relecture orale, supports audio, etc.), comment obtenir du temps supplémentaire, et quels soutiens particuliers un candidat dyspraxique peut mobiliser en conduite. Permis en vue, même avec des DYS en embuscade !
L’épreuve du Code de la route en version « spéciale DYS »
Le Code sur tablette, kézako ?

De nos jours, tous les candidats passent l’examen théorique général (le Code) sur tablette ou sur ordinateur dans des centres agréés. Pour un candidat lambda, l’épreuve dure environ 30 à 35 minutes pour répondre à 40 questions à choix multiple. Dans le cas d’un candidat DYS, des sessions spécifiques prolongent la durée à 1h30 et offrent des aménagements de présentation. Oui, 1h30 pour 40 questions, soit bien plus de temps pour réfléchir ! Concrètement, cela veut dire qu’au lieu d’avoir ~20 secondes par question comme tout le monde, le candidat DYS peut disposer de plus d’une minute par question en moyenne, et même faire des pauses entre les questions. Fini le chronomètre infernal qui défile trop vite.
Quels sont les aménagements prévus ?
Grâce à une convention signée entre la Sécurité Routière et des associations (APEDA, FFDys, Avenir Dysphasie)bloghoptoys.fr, les candidats dyslexiques, dysphasiques ou dyspraxiques peuvent bénéficier de deux aménagements principaux lors de l’examen du Code :
- La relecture des consignes à voix haute : Un inspecteur présent dans la salle peut, pour chaque question, lire à haute voix l’énoncé (et éventuellement les propositions). Cela permet au candidat qui a du mal à déchiffrer rapidement les phrases d’entendre clairement ce qui est demandé. C’est un gros plus pour les dyslexiques en particulier.
- Un temps supplémentaire pour répondre : Comme indiqué, le temps global est étendu. En pratique, la question apparaît sur la tablette, et le candidat a un délai plus long pour sélectionner sa réponse qu’en session classique. On allège ainsi la pression du chronomètre. D’après des témoignages, cette réduction du stress temporel améliore nettement la réussite des candidats DYS, qui ont le temps d’analyser l’image, de relire les choix, de se remémorer la règle, etc.
D’autres aménagements existent, notamment pour d’autres handicaps (par exemple un interprète en langue des signes pour les candidats malentendants, ou un traducteur pour les non-francophones). Pour les DYS, ce sont vraiment la lecture orale et le temps majoré les clés. Bien sûr, les questions elles-mêmes ne sont pas simplifiées : il faut apprendre le même Code que tout le monde. Mais ces aménagements viennent « dégager la route » pour que le trouble cognitif n’empêche pas de démontrer ses connaissances.
Comment accéder à ces sessions adaptées ? 🔑

Il ne suffit pas de cocher une case « je suis dyslexique » en s’inscrivant… Il y a trois justificatifs possibles pour avoir le droit de passer le Code en session spécifique :
- Une RQTH ou notification MDPH + un diagnostic de trouble DYS : en clair, si votre enfant a une reconnaissance de handicap (RQTH) ou une notification MDPH qui indique un trouble de type dyslexie, dysphasie ou dyspraxie, c’est une preuve valable.
- Une preuve d’aménagement aux examens scolaires : par exemple, la copie de la décision accordant un tiers-temps et/ou ordi au Brevet ou au Bac pour trouble d’apprentissage. Cela montre que l’Éducation nationale a reconnu le besoin d’aménagements.
- Un certificat médical (moins de 6 mois) attestant d’un trouble spécifique du langage, de la lecture et/ou de la coordination, nécessitant un aménagement pour le Code. En gros, si votre enfant n’a ni RQTH ni n’a encore passé d’examen scolaire, un certificat par un médecin (idéalement un neurologue ou médecin rééducateur) suffira, du moment qu’il détaille bien le trouble « dys ».
Il faut fournir au moins un de ces trois documents lors de l’inscription à l’examen du Code. En pratique, généralement on s’inscrit au Code via une auto-école ou en candidat libre sur le site de l’ANTS, et c’est à ce moment qu’il faut indiquer vouloir une « session aménagée » et transmettre les justificatifs.
Important : Pensez à contacter le Bureau Education Routière (BER) de votre département ou l’organisme qui gère les places d’examens. Chaque préfecture organise un certain nombre de sessions aménagées par an (souvent tous les 2-3 mois). Ils pourront vous dire les dates prévues et la marche à suivre pour y inscrire votre enfant. Par exemple, dans certains départements, l’inscription aux sessions DYS se fait par l’intermédiaire d’associations spécialisées. Ne vous y prenez pas au dernier moment car les places sont limitées.
L’épreuve pratique de conduite pour un candidat DYS 🚗

Passer le code n’est qu’une première étape. Reste la conduite ! Là, on change de décor : ce n’est plus une salle d’examen, mais la route, une voiture, un inspecteur sur le siège passager, et 30 minutes environ pour montrer qu’on sait conduire en sécurité. Quelles adaptations pour un élève DYS à ce stade ?
Tout d’abord, il faut différencier les troubles. La dyslexie seule impacte surtout la partie théorique, pas tellement la pratique (une fois au volant, on n’a pas besoin de lire ou d’écrire). Par contre, la dyspraxie (trouble développemental de la coordination) peut sérieusement compliquer l’apprentissage de la conduite. Coordonner ses gestes, automatiser le passage des vitesses, gérer l’orientation dans l’espace… un vrai défi pour un dyspraxique. Cela ne veut pas dire mission impossible, mais il faudra souvent plus d’entraînement et possiblement quelques aménagements :
1. Choix du véhicule et de la transmission : Un conseil souvent donné aux candidats dyspraxiques est de passer le permis sur boîte automatique. Pourquoi ? Parce que cela supprime le besoin de coordonner embrayage/boîte de vitesses, qui est une surcharge cognitive énorme en moins. La législation permet d’obtenir un permis « BA » (boîte auto) en ayant conduit uniquement des automatiques. Certes, ce permis restreint à la conduite d’automatiques, mais de plus en plus de voitures le sont. C’est une adaptation non officielle, mais ô combien utile. Certains moniteurs rapportent que des élèves dyspraxiques qui n’y arrivaient pas en boîte manuelle ont brillamment réussi en automatique. À vous d’en discuter avec l’auto-école.
2. Communication pendant l’examen : L’inspecteur doit donner des directions (« au prochain rond-point, prenez la deuxième sortie », etc.). Pour un élève DYS (surtout dysphasique ou TDAH), comprendre vite une phrase et la mémoriser jusqu’à exécution peut être dur. L’inspecteur peut s’adapter en donnant des indications plus claires ou en les répétant si besoin. Officiellement, pour les troubles DYS, il n’y a pas un protocole écrit comme pour le Code, mais dans la pratique beaucoup d’inspecteurs font preuve de pédagogie : ils peuvent par exemple pointer du doigt la direction (« là à gauche ») en plus de le dire, formuler différemment (« on ira vers Paris, c’est la 2ème sortie du rond-point ») pour aider. On peut considérer cela comme un « dispositif de communication spécifique » adapté aux besoins du candidat service-public.fr. En amont, vous pouvez mentionner sur la fiche d’examen (ou au moniteur qui accompagnera) que votre enfant a un trouble DYS, sans rentrer dans les détails médicaux. Ainsi l’inspecteur sera au courant et pourra ajuster son attitude (par exemple, ne pas s’impatienter s’il tarde à exécuter une consigne).
3. Temps supplémentaire en pratique : Contrairement au Code, l’examen de conduite n’est pas chronométré à la seconde près. Toutefois, normalement en ~30 minutes l’inspecteur doit évaluer toutes les compétences. Dans une session adaptée (via le BER), il est possible que l’épreuve pratique soit un peu allongée ou aménagée dans son déroulement. Par exemple, on peut imaginer qu’un candidat DYS fasse une pause de quelques secondes s’il perd ses moyens, ou qu’on évite de le submerger de plusieurs instructions d’un coup. Il n’y a pas de « tiers-temps » officiel en conduite, mais l’inspecteur peut décider de lui donner 5 minutes de plus s’il estime qu’une situation a pu le déconcentrer et qu’il a besoin d’un moment pour se reprendre. Tout cela reste à la discrétion de l’inspecteur, d’où l’intérêt d’avoir un examinateur sensibilisé en session adaptée.
4. Aide au repérage : Une astuce pour les élèves très anxieux ou ayant du mal à s’orienter : certaines autos-écoles autorisent l’usage d’applications d’entraînement style simulateur, ou même de faire quelques leçons sur les futurs parcours d’examen. Évidemment le jour J on n’a pas le GPS, mais connaître le quartier peut rassurer (attention, on ne connaît jamais exactement le parcours, mais on peut connaître les zones).
5. Entraînement intensif et progressif : Le maître-mot pour un dyspraxique, c’est répétition. Là où un autre aura besoin de 20h de cours, lui en aura peut-être 40 ou 50 pour acquérir les automatismes – et c’est OK. Il existe des auto-écoles spécialisées ou moniteurs formés aux troubles de l’apprentissage (cherchez « conduite et dys » dans votre région, on trouve parfois des réseaux d’auto-écoles qui mentionnent l’accueil de publics dys ou autistes). Un moniteur patient, qui explique calmement et décompose bien les gestes, ça change tout. N’hésitez pas à « tester » la sensibilité de l’auto-école : posez des questions sur les aménagements dès l’inscription. S’ils tombent des nues, ce n’est pas bon signe. S’ils disent « oui bien sûr, on a l’habitude », vous voilà entre de bonnes mains.
Enfin, notez bien que le permis obtenu par un candidat DYS est un permis tout ce qu’il y a de plus normal. On ne mettra pas de mention « handicap » dessus (contrairement à un permis adapté pour handicap moteur où il y a des codes restrictifs). Si votre enfant réussit l’examen, c’est qu’il a atteint les critères exigés comme n’importe quel candidat, juste avec des modalités aménagées. Et ça, c’est vraiment valorisant pour la confiance en soi : se dire qu’on a galéré certes, mais qu’on y est arrivé comme tout le monde.
En route vers la réussite 🚀
Obtenir son permis avec un trouble DYS, c’est un challenge qui vaut le coup d’être relevé. Au-delà des aménagements techniques, il y a tout l’aspect psychologique : beaucoup de jeunes DYS manquent de confiance en eux, appréhendent l’échec. Il faut les encourager en soulignant leurs progrès, en dédramatisant les difficultés (« calé au démarrage 3 fois ? Pas grave, même les non-DYS le font, la preuve les moniteurs ont l’habitude ! »). Le permis peut devenir un formidable levier d’autonomie et de confiance pour eux.
Pensez aussi que la loi permet de commencer la conduite accompagnée dès 15 ans. Si votre ado DYS se sent prêt, c’est une bonne option : plus de temps pour apprendre, de façon étalée et progressive, avec papa/maman à côté avant de passer l’examen. Cela réduit la pression et multiplie l’expérience.
En conclusion, grâce aux dispositifs adaptés (sessions de code rallongées, inspecteurs sensibilisés, etc.) et à un entraînement adéquat, les candidats DYS ont toutes les chances de décrocher leur permis de conduire. Ce ne sera peut-être pas « du premier coup » – et alors ? L’important est qu’ils y parviennent à leur rythme, avec les outils compensatoires nécessaires. Comme le dit l’expression, « Ce n’est pas le handicap qui définit la personne, c’est la manière dont elle le surmonte ». En voyant votre enfant surmonter ces obstacles et repartir avec son permis en poche, vous pourrez être fiers… et peut-être un peu inquiets au moment de le laisser prendre la route tout seul, mais ça, c’est un autre sujet 😉.
Allez, bonne route à tous nos jeunes DYS, et n’oubliez pas de boucler votre ceinture – de sécurité comme de persévérance ! 🏁
