Quand votre enfant est-il prêt à utiliser le clavier en classe ?

Temps de lecture : 5 minutes

Beaucoup de parents d’enfants DYS se demandent s’il n’est pas prématuré de faire passer leur enfant à l’ordinateur en classe. À partir de quel niveau de vitesse au clavier peut-on envisager d’abandonner (en partie ou totalement) l’écriture manuscrite pendant les cours ? La réponse varie selon chaque enfant, mais certains indicateurs et bonnes pratiques d’accompagnement peuvent vous guider.

Des repères concrets de vitesse

Un premier critère est de comparer la vitesse de frappe de votre enfant à sa vitesse d’écriture manuscrite. En moyenne, on écrit à la main autour de 20 mots par minute en écrivant au fil de la pensée. Si votre enfant atteint ou dépasse ce chiffre au clavier, cela signifie que son outil numérique ne le ralentit plus par rapport au stylo. Par exemple, un élève qui tape à 25-30 mots par minute pourra déjà prendre des notes essentielles presque aussi vite qu’il ne l’aurait fait au crayon. Bien sûr, plus la vitesse augmente, plus l’ordinateur devient avantageux : la plupart des adultes tapent aux alentours de 40 mots par minute, et atteindre ce palier n’est pas un objectif irréaliste pour un adolescent après un entraînement régulier.

Plutôt que le nombre brut de mots par minute, on peut observer la fluidité : votre enfant tape-t-il en butant sur chaque lettre ou commence-t-il à enchaîner les mots de façon continue ? Est-il capable d’écouter le professeur tout en tapant en même temps, signe que le clavier devient un automatisme ? S’il parvient à suivre une dictée lente ou à résumer un passage oral sans prendre un retard énorme, c’est bon signe. N’hésitez pas à faire des essais à la maison : par exemple, lisez-lui un paragraphe à vitesse modérée et voyez s’il arrive à en taper l’essentiel en temps réel. Il existe aussi des tests de vitesse de frappe en ligne (souvent ludiques) qui peuvent donner un aperçu chiffré en quelques minutes.

Enfin, prenez en compte la lisibilité et la qualité des notes prises au clavier. Si à 15 mots/minute l’élève produit un texte clair et bien structuré, tandis qu’à la main il aurait peut-être 5 mots illisibles en pattes de mouche, le choix du clavier se justifie possiblement même à vitesse moindre. À l’inverse, s’il tape vite mais que ses notes numériques sont confuses (problèmes de mise en page, de structure), un petit temps d’apprentissage supplémentaire s’impose peut-être.

Un déploiement progressif en classe

Il est rarement conseillé de passer du tout au tout du jour au lendemain. La progressivité est la clé. On peut d’abord introduire le clavier sur certains cours ou certaines tâches : par exemple, utiliser l’ordinateur en cours de mathématiques pour les prises de notes (souvent plus légères en texte), puis peu à peu l’utiliser aussi en histoire-géo ou en français. Pendant la phase de transition, votre enfant peut combiner les deux modes : prendre quelques notes au clavier et compléter à la main pour ce qu’il n’a pas eu le temps de taper. Cela lui permet de gagner en assurance sans perdre d’information.

L’accompagnement de l’enseignant est crucial. Idéalement, discutez-en avec l’équipe éducative en amont. Par exemple, le professeur peut accepter que l’élève tape ses réponses lors d’un exercice en classe puis les imprime ou les envoie par email pour correction. Ou bien prévoir un plan de cours imprimé où l’élève n’a plus qu’à remplir les interstices avec son clavier. Ce genre d’adaptations peut être formalisé dans un PAP/PPS afin que chacun connaisse les modalités. De plus, l’enseignant peut aider à évaluer si la vitesse est suffisante en comparant le travail rendu par l’élève DYS avec celui des autres : si l’enfant au clavier parvient à traiter autant de questions que ses camarades à la main sur un temps donné, c’est que son outil n’est pas un frein.

Au-delà de la vitesse : des compétences annexes à maîtriser

Passer au clavier en cours ne se résume pas à taper vite. Il faut aussi que l’enfant soit à l’aise avec tout l’environnement informatique. Par exemple, savoir ouvrir rapidement un fichier PDF du cours, utiliser un correcteur d’orthographe sans perdre trop de temps, organiser ses documents dans des dossiers clairs, ou encore connaître les bases de la mise en page pour structurer ses copies. Comme le souligne une ergothérapeute, « la mise en place en classe ne se limite pas à acquérir une vitesse de frappe. En effet, cela requiert de nombreuses compétences comme savoir utiliser un éditeur de PDF, une souris scanner ou un scanner à main, le correcteur d’orthographe, faire la mise en page d’un document, nommer et enregistrer un document, classer ses fichiers… ». Ce constat rappelle qu’une formation plus globale à l’outil informatique est souhaitable.

Heureusement, ces compétences annexes peuvent s’acquérir en parallèle de la vitesse de frappe. Vous pouvez aider votre enfant à organiser ses fichiers de cours, lui montrer comment fonctionne la correction automatique, etc. De même, son ergothérapeute ou un enseignant référent numérique peuvent proposer des ateliers pour se familiariser avec ces outils (par exemple, apprendre à utiliser un scanner portable pour intégrer un schéma papier dans ses notes numériques).

Quand faire le grand saut ?

Chaque parcours est unique, mais en règle générale, si votre enfant tape presque aussi vite qu’il n’écrit à la main, et que cela lui facilite la vie plutôt que de la compliquer, c’est le bon moment pour généraliser l’usage du clavier en classe. Gardez à l’esprit que la motivation de l’élève compte aussi : s’il se sent plus à l’aise au clavier et fier de ses progrès, il aura envie de l’utiliser malgré les ajustements à faire.

Il vaut mieux anticiper le passage à l’ordinateur avant une phase critique de scolarité (par exemple l’entrée au collège ou au lycée), afin qu’il ait le temps de se roder. Mais là encore, certains enfants ne se sentent prêts qu’en 4ᵉ ou 3ᵉ, d’autres dès le CM2 – l’important est d’observer les signaux. Si les devoirs à l’ordinateur se passent bien à la maison et que la vitesse s’améliore de mois en mois, n’hésitez pas à franchir le pas. Et rassurez-vous : même une fois l’ordinateur adopté en classe, on peut toujours ajuster le tir. Ce n’est pas irréversible : si une situation ne s’y prête pas, l’élève pourra toujours recourir au stylo temporairement.

En conclusion, il n’y a pas un seuil universel en mots par minute où le feu passe au vert. C’est un ensemble de facteurs – vitesse, autonomie, maturité dans l’usage de l’outil – qui permettront de dire “c’est bon, on y va”. Avec un suivi bienveillant et progressif, vous saurez reconnaître le moment où le clavier deviendra un allié et non un handicap en classe pour votre enfant.

Partagez :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut