
Depuis quelques années, plusieurs MDPH testent un questionnaire complémentaire au dossier habituel (formulaire + certificat médical) pour les personnes dont le handicap est lié à des altérations des fonctions mentales, cognitives ou psychiques, dont les troubles neuro-développementaux. Donc en clair les DYS, TDAH, TSA, troubles du langage, troubles de la coordination, etc.
Objectif affiché : mieux comprendre le retentissement concret du trouble dans la vie de tous les jours, et pas seulement “cocher une case dyslexie ou TDAH” dans un certificat médical.
Ce questionnaire a été conçu avec la CNSA, des MDPH pilotes et plusieurs associations de familles et d’usagers : Autisme France, FFDys, Unafam, Unapei, etc. Il reste officiellement lié à une expérimentation, mais il est déjà diffusé par de nombreuses MDPH et associations. Vous pouvez donc le joindre à votre dossier même si votre département ne communique pas encore dessus.
Pour qui ce questionnaire est pertinent
Il s’adresse aux personnes dont la situation de handicap est liée à :
- troubles spécifiques des apprentissages (dyslexie, dysorthographie, dyscalculie, dysgraphie…)
- troubles du langage oral (dysphasie)
- troubles du développement intellectuel
- troubles du spectre de l’autisme
- trouble développemental de la coordination (dyspraxie / TDC)
- TDAH, avec ou sans hyperactivité
- troubles psychiques sévères
Il peut être utilisé pour :
- un enfant DYS (demande ou renouvellement AEEH, AESH, matériel, etc.)
- un ado ou jeune adulte (poursuite des aides, études, insertion pro)
- un adulte dont le trouble a un impact sur la vie quotidienne et le travail.
Si vous débutez dans les démarches ou que vous avez besoin d’un pas-à-pas très concret, je détaille toutes les étapes dans cet article : Réussir son dossier MDPH pour enfant DYS.
Ce que ce questionnaire ajoute au dossier MDPH classique :
Ce n’est pas un document de plus “pour faire joli”. Il est là pour combler un vrai trou dans le système.
Le formulaire MDPH reste assez général.
Le certificat médical est centré sur le diagnostic et la vision du médecin.
Le questionnaire complémentaire, lui, se concentre sur :
- la vie réelle
- ce qui se passe à la maison, à l’école, au travail
- le temps, l’énergie, l’aide humaine nécessaire
- ce que la personne ne peut pas faire seule, ou seulement avec des aménagements.
L’idée est simple :
“Vous avez un DYS, un TDAH, un TSA. Concrètement, ça donne quoi dans votre semaine, pour de vrai ?”
C’est exactement ce qui manque souvent dans les dossiers MDPH, en particulier pour les handicaps invisibles.
Comment est construit le questionnaire
Le questionnaire est composé de deux parties complémentaires :

- Partie 1 – Volet médical complémentaire
- remplie par le médecin (souvent le médecin traitant, un spécialiste ou le médecin qui fait le certificat)
- précise le diagnostic, les troubles, les traitements éventuels, les difficultés observées.
- Partie 2 – Retentissements dans la vie quotidienne
- remplie par vous, votre enfant s’il est en âge de participer, et/ou votre entourage
(parents, aidants, orthophoniste, ergothérapeute, éducateur, etc.) - décrit ce qui est compliqué dans différents domaines :
- se repérer dans le temps et l’espace
- comprendre les consignes
- apprendre et suivre en classe
- communiquer, lire, écrire, compter
- gérer son organisation, ses affaires, son matériel
- déplacements, autonomie dans la maison
- relations sociales, gestion des émotions, fatigue, etc.
- remplie par vous, votre enfant s’il est en âge de participer, et/ou votre entourage
Pour chaque type d’activité, on indique le niveau de répercussion (avec une échelle A, B, C, D) et on peut ajouter des commentaires concrets.
Ce n’est pas un test, ce n’est pas noté. C’est un outil de dialogue pour que l’équipe pluridisciplinaire comprenne ce qui se passe vraiment.
Ce que ça change pour les profils DYS

Pour les profils DYS, ce questionnaire est utile parce que :
- il légitime le fait que la dyslexie, la dyspraxie, la dysorthographie, etc. ne sont pas “juste des petites difficultés scolaires”
- il permet de montrer que l’enfant ou l’adulte :
- met plus de temps
- se fatigue plus vite
- a besoin d’aide pour s’organiser
- doit être accompagné pour les devoirs, la lecture, l’écriture, l’administratif, etc.
Quelques exemples concrets :
- Un élève dyslexique qui lit correctement, mais au prix d’un effort énorme, peut avoir des bonnes notes et pourtant s’effondrer le soir à la maison.
- Un ado dyspraxique “se débrouille” à l’école, mais il met deux fois plus de temps pour ses devoirs, a besoin de quelqu’un pour organiser ses affaires, et casse ou perd son matériel.
- Un jeune adulte TDAH tient au travail, mais au prix d’une hyper-vigilance permanente, d’une fatigue intense et de grosses difficultés à gérer les papiers, les mails, les délais.
Ça, le formulaire classique le montre mal.
Le questionnaire complémentaire, lui, vous invite à écrire ce genre de choses noir sur blanc.
Comment remplir la partie “retentissements” sans exploser votre charge mentale
L’idée n’est pas de rédiger un roman. Le questionnaire donne déjà une trame. Quelques conseils pour vous simplifier la vie, en particulier si vous êtes parent d’un enfant DYS.
Choisir le bon moment
- Évitez de le faire tard le soir après une journée déjà compliquée.
- Prévoyez 2 temps :
- un premier passage rapide pour surligner ce qui vous parle
- un deuxième pour compléter calmement.
Impliquer les bonnes personnes
- Si possible, faites-le à deux :
- un parent + l’enfant/ado
- ou parent + orthophoniste / ergothérapeute / éducateur / AESH.
- Demandez à un professionnel (orthophoniste, psychologue, ergothérapeute) s’il peut vous aider à formuler. Ils connaissent bien le vocabulaire MDPH.
Parler de la réalité, pas de la “bonne version”
Quelques repères utiles : Mon Parcours Handicap
- Ne décrivez pas “le bon jour où tout va bien”.
Décrivez soit la moyenne, soit les jours où c’est vraiment compliqué. - N’édulcorez pas. La MDPH ne voit pas votre quotidien. Si vous minimisez, elle ne devinera pas.
- Donnez des chiffres quand c’est possible :
- “Temps de devoirs : 1 h pour ce que les autres font en 20 minutes.”
- “5 rendez-vous paramédicaux par semaine.”
- “Besoin d’un parent à côté pour chaque devoir écrit.”
Le questionnaire prévoit aussi un espace “observations utiles” pour chaque bloc. Utilisez-le pour donner un exemple concret.
Et après, quelles aides demander avec ce questionnaire
Ce questionnaire ne donne pas automatiquement droit à une aide.
Il sert à mieux étayer votre demande :
- AEEH et compléments
- AESH ou autres aides à la scolarisation
- PCH aide humaine pour certains profils
- matériel adapté, transport, etc.
Pour aller plus loin sur les aides financières et le lien entre CAF, MDPH et DYS, vous pouvez lire l’article Dysclick :
“CAF et DYS : quelles aides pour votre enfant ?” qui détaille l’AEEH, le rôle de la MDPH et des compléments possibles.
Et si vous avez besoin de clarifier le profil de votre enfant (dyslexie, dyspraxie, dysorthographie…), le Guide des troubles DYS du site vous donnera un panorama global avant de vous plonger dans les cases et les formulaires.
À retenir
- Le questionnaire complémentaire MDPH est un outil pour mieux raconter le quotidien réel des personnes DYS et TND.
- Il n’est pas obligatoire, mais vivement recommandé.
- Il se remplit à plusieurs : médecin d’un côté, famille et professionnels de l’autre.
- Plus vous décrivez concrètement les retentissements, plus l’équipe MDPH peut ajuster les aides.
Ce n’est pas “encore un papier inutile”. Bien utilisé, c’est un moyen de faire enfin exister noir sur blanc ce que vous vivez au quotidien avec un trouble DYS.
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