Comment l’IA change la donne pour les dysorthographiques, les dyslexiques… et tous les « fâchés » avec les fautes d’orthographes.
Il y a des jours où les mots refusent de se laisser dompter. Les lettres s’emmêlent, les accords jouent à cache-cache et la fameuse règle « du participe passé avec avoir… » vous regarde en coin. Si vous êtes dysorthographique, dyslexique ou tout simplement allergique aux dictées, vous connaissez cette sensation : écrire demande une énergie folle, et la relecture ressemble à une traversée à la lampe frontale par temps de brouillard.
Pendant longtemps, la seule stratégie, c’était de multiplier les relectures, de dégainer Antidote ou Le Robert, et d’y passer autant de temps que pour rédiger. Dans la vraie vie — mails à envoyer, compte rendu à rendre, CV à actualiser — ce n’était pas tenable. Aujourd’hui, un outil bouscule la routine : ChatGPT. Pas comme une baguette magique, mais comme une béquille de l’orthographe qui permet d’avancer, même les jours où la langue française met des peaux de banane partout.
Pourquoi une « béquille » change tout
Quand on se blesse à la cheville, la béquille ne remplace pas la marche : elle la rend possible le temps de reprendre appui. Pour l’orthographe, c’est pareil. Chez beaucoup de personnes dysorthographiques, les automatismes ne s’installent pas malgré les efforts. Ce n’est pas une question de motivation ni d’intelligence ; c’est un fonctionnement cognitif différent. On peut progresser, bien sûr, mais attendre que « ça vienne tout seul » n’est pas réaliste. Il faut donc des parades efficaces.
Les correcteurs intégrés à Word ou dans les navigateurs ont rendu service, mais ils se perdent vite quand les erreurs sont nombreuses ou quand la phrase est mal structurée. Les logiciels plus puissantes (Antidote, Le Robert) sont très utiles, mais exigent du temps, des allers-retours. ChatGPT change la vitesse et l’amplitude : en quelques secondes, il corrige non seulement l’orthographe, mais aussi la grammaire, la syntaxe et parfois la clarté du propos. Mieux : il peut expliquer et proposer des variantes adaptées au contexte.
« On n’est pas des machines à accords » : paroles de terrain
Lina, 24 ans, préparatrice en pharmacie
« J’écris dix fois par jour à des médecins et des patients. Au début, je faisais des messages ultra-courts pour réduire le risque de fautes. Maintenant, je pose mon texte en vrac sur ChatGPT : “Peux-tu corriger l’orthographe et me proposer une version professionnelle, ton neutre, phrases courtes ?” Je gagne du temps et je stresse moins. »
Yanis, 32 ans, mécanicien poids lourds
« Les devis et les comptes rendus d’intervention, c’était mon cauchemar. Je dicte dans le téléphone, je colle le texte brut dans ChatGPT et je demande : “Corrige l’orthographe et améliore le texte sans changer le sens technique.” Résultat : personne ne bugue sur ma syntaxe, on parle du vrai sujet — la réparation. »
Mira, 40 ans, cheffe de projet dans l’événementiel, diagnostiquée tardivement dyslexique
« Je rédige des mails importants, parfois à 23 h. Avant, je pouvais relire six fois et m’enfoncer. Maintenant, j’ai un rituel : je demande d’abord une correction minimale, puis une reformulation plus fluide. Je décide de la version finale, mais je ne perds plus ma soirée. »
Ces voix racontent la même chose : la béquille n’enlève pas le mérite, elle rend le travail possible.
Ce que ChatGPT sait faire… et ce qu’il ne faut pas lui demander
Ce qu’il fait très bien
- Dépister et corriger fautes d’orthographe et d’accords, même quand elles sont nombreuses.
- Réécrire des phrases lourdes en versions plus claires, plus courtes et plus naturelles.
- Adapter le ton : pro, cordial, ferme, bienveillant.
- Expliquer les corrections à la demande (« pourquoi “eût” plutôt que “eu” ? »).
- Proposer plusieurs variantes à comparer.
Ce qu’il fait moins bien
- Les subtilités très rares, les barbarismes à la mode ou certains homophones piégeux si le contexte est flou.
- Le jargon ultra-spécifique sans exemples.
- Les textes où la nuance juridique ou médicale impose une exactitude de chaque terme.
La règle d’or : on relit toujours la sortie, même brièvement. L’IA peut se tromper, comme n’importe quel outil.
Méthodes qui marchent au quotidien
Vous pouvez piocher, mélanger, adapter.
Méthode “brouillon sans frein”
- Écrivez à votre rythme, sans vous arrêter sur les fautes.
- Collez dans ChatGPT :
« Corrige l’orthographe et la grammaire sans changer le sens, garde le tutoiement/vouvoiement actuel, coupe les phrases longues.* »* - Relisez la version corrigée et ajustez.
- Optionnel : demandez « Raccourcis-le de 20 % sans perdre d’infos » si c’est trop long.
Méthode “réécriture guidée”
- « Reformule ce paragraphe pour un parent d’élève : ton simple, phrases courtes, mots concrets. Supprime le jargon. »
- « Garde les termes techniques, mais clarifie la structure : une idée par phrase. »
Méthode “doute ciblé”
- « Justifie chaque correction importante en une ligne. »
- « Liste les homophones à risque dans ce texte et propose la bonne forme. »
Méthode “dictée + IA”
- Dictez sur votre téléphone ou ordinateur directement dans chatgpt , et demandez :
« Corrige l’orthographe, ponctue correctement, garde le style oral mais professionnel. »
Astuce : pour les élèves DYS, combinez avec des outils de dactylo et de vitesse de frappe pour réduire la fatigue (voir notre sélection d’outils : Les Meilleurs Outils pour Améliorer Votre Vitesse de Frappe).
Un parcours plus fluide, sans renoncer à apprendre
S’appuyer sur une béquille ne veut pas dire renoncer à la marche. On continue d’apprendre, mais à son rythme, et surtout en se concentrant sur ce qui compte : le fond. Beaucoup de lecteurs nous disent que les explications de ChatGPT les aident à repérer leurs erreurs récurrentes : le fameux a/à, les participes passés, les accords du verbe avec « qui », etc. À force de voir « la bonne tête » de la phrase, le cerveau finit par reconnaître des formes correctes.
Pour se remettre les bases en douceur, vous pouvez relire nos ressources :
- Maîtriser le Correcteur Orthographique de Word — pour tirer le meilleur d’un outil que vous avez déjà sous la main.
- Mon correcteur orthographique 😊 — récit d’expériences et limites des correcteurs classiques.
- La Dyslexie : Comprendre ce Trouble de l’Apprentissage et Guide des Troubles DYS : Dyslexie, Dyspraxie … — pour poser des repères.
Et les jeunes au collège/lycée dans tout ça ?
Chez un collégien dyslexique ou dysorthographique, l’IA peut rapidement devenir une béquille utile, à condition d’être encadrée et transparente. On peut par exemple :
- dicter la réponse, la faire corriger par ChatGPT, puis relire à haute voix pour vérifier le sens ;
- demander des reformulations graduées : d’abord correction simple, puis version plus claire ;
- travailler l’autonomie au clavier pour réduire la fatigue (voir : Raccourcis clavier à l’école : gagner du temps et Prendre ses cours à l’ordi : astuces pour aller plus vite).
L’objectif n’est pas de « tricher », mais de compenser intelligemment : rendre la tâche possible, puis capitaliser sur les explications pour progresser.
Limites et garde-fous
- Toujours garder la main. L’IA propose, vous disposez. C’est votre voix, vos idées, votre responsabilité.
- Attention aux noms propres, aux chiffres, aux éléments sensibles. Vérifiez ce qui ne supporte pas l’erreur.
- Soyez clair sur l’intention. Si vous voulez une correction minimale, dites-le. Si vous êtes ouvert à une réécriture, dites-le aussi.
- Acceptez la relecture courte. Même cinquante secondes de relecture valent de l’or.
« Oui mais… est-ce que ça se voit que j’utilise l’IA ? »
La meilleure façon que ça ne se voie pas, c’est d’éviter le style trop standardisé. Deux astuces :
- Demandez : « Garde mon style, ne remplace pas mes expressions, corrige seulement orthographe et accords. »
- Reprenez la main sur deux phrases : une d’ouverture et une de clôture. Ce sont vos phrases, votre ton. L’ensemble devient plus personnel.
Quand la béquille devient une rampe
La vraie révolution, ce n’est pas d’écrire « zéro faute » du jour au lendemain. C’est de lever le frein. Le poids mental s’allège, on ose formuler, demander, proposer. L’orthographe arrête de manger toute l’énergie. On retrouve l’espace pour la pensée. Les jours « sans », la béquille porte. Les jours « avec », on marche presque sans y penser.
Si vous avez envie d’aller plus loin, vous pouvez explorer nos autres ressources et retours d’expérience, et piocher ce qui vous convient :
- Maîtriser le Correcteur Orthographique de Word
- Mon correcteur orthographique 😊
- Les Meilleurs Outils pour Améliorer Votre Vitesse de Frappe
- Raccourcis clavier à l’école : gagner du temps
- Prendre ses cours à l’ordi : astuces pour aller plus vite
Pour commencer aujourd’hui
Copiez ces trois prompts dans un mémo et testez-les selon vos besoins :
- Correction simple
« Corrige l’orthographe et la grammaire de ce texte sans changer le sens, garde mon ton et mes expressions. » - Version pro
« Réécris ce message en version professionnelle, phrases courtes, vocabulaire simple, pas de jargon. Propose deux variantes. » - Apprendre en passant
« Corrige ce texte et explique en une phrase les trois corrections les plus utiles pour moi. »
Respirez. Écrivez. Laissez la béquille vous aider à franchir la marche. Le reste — vos idées, votre voix — vous appartient.
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