Les vacances en famille, on en rêve toute l’année : changer d’air, vivre des aventures, se détendre… Mais lorsqu’on a un enfant DYS dans ses bagages, partir en vacances peut s’apparenter à préparer une expédition avec un trésor fragile. 😅 Comment faire en sorte que le séjour se passe bien pour tout le monde, y compris pour notre enfant aux besoins spécifiques ?

Qu’il s’agisse de dyslexie, dyspraxie, dysphasie ou tout autre trouble DYS, quelques précautions et astuces peuvent transformer vos vacances en un moment serein et enrichissant, plutôt qu’en parcours du combattant. Au programme de cet article : des conseils pratiques pour anticiper les situations délicates, s’équiper des bons outils (numériques ou pas), favoriser l’autonomie de votre enfant et éviter les écueils classiques. Objectif : que ces vacances soient une réussite pour lui comme pour vous, dans la joie et la bonne humeur ! 🏖️
Bien choisir la destination et le cadre
Avant même de partir, une réflexion s’impose sur la destination et le type de vacances adaptés à votre enfant. Chaque enfant DYS est différent, mais beaucoup sont sensibles à leur environnement. Par exemple, certains enfants neuroatypiques (souvent, les DYS le sont, avec parfois TDA/H ou hypersensibilité sensorielle associée) supportent mal le bruit ou la foule. Si votre enfant se fatigue vite dans les lieux bondés ou s’agite dans le brouhaha, évitez de programmer une semaine au cœur d’une grande ville hyper touristique en plein mois d’août. Songez plutôt à des destinations plus calmes : la montagne en été, une petite station balnéaire familiale plutôt qu’une plage surpeuplée, ou la campagne avec des activités nature. Comme le suggère une maman d’enfant atypique, il vaut mieux privilégier « des endroits proches de la nature, où l’on peut faire des balades en famille en respectant le rythme de l’enfant ». Par exemple, si votre loulou adore les animaux et a besoin de tranquillité, un séjour à la ferme ou près d’une réserve naturelle peut combler sa curiosité tout en évitant la surcharge sensorielle.
Pensez également à vérifier si le lieu de séjour offre des activités adaptées. De plus en plus de sites touristiques proposent des aménagements pour enfants : musées avec livrets en facile à lire, ateliers ludiques, parcs à thème avec créneaux “calmes”, etc. Renseignez-vous en amont, parfois un simple coup de fil permet de savoir si l’animateur du club enfants a déjà accueilli des petits neuroatypiques ou si l’aquarium propose un guide visuel simplifié. Un bon plan : opter pour des visites interactives ou basées sur le sensoriel (par exemple, un musée scientifique où l’on touche et manipule, plutôt que de longues visites guidées verbales). Adapter les activités aux intérêts de votre enfant est un pari gagnant : un enfant passionné par l’espace sera aux anges au planétarium, un autre mordu d’histoire adorera une reconstitution de château médiéval… et s’il a des difficultés attentionnelles, ces lieux interactifs l’aideront à rester captivé sans stress. En un mot, choisissez des vacances child-friendly en pensant à ce qui pourrait stimuler votre enfant sans le dépasser.
Anticiper et organiser pour rassurer
La clé de vacances apaisées avec un enfant DYS, c’est l’anticipation. Ces enfants ont souvent besoin de repères et redoutent l’imprévu. Pour éviter crises d’angoisse ou surmenage, mieux vaut préparer ensemble un plan de voyage clair. Concrètement :
- Impliquer l’enfant dans la préparation : Quelques jours avant le départ, parlez du voyage avec lui, montrez-lui des photos du lieu, faites-le participer aux listes de choses à emporter. Par exemple, créez une checklist visuelle pour sa valise : avec des dessins ou pictogrammes, listez les affaires (un t-shirt, son doudou, sa brosse à dents…). Préparez cette checklist ensemble et laissez-le cocher les items au fur et à mesure que vous faites la valise. Cela le rend acteur et non simple “bagage” qu’on trimballe sans explication. De même, discutez du programme : « On prendra la voiture pendant 3 heures, puis on s’arrêtera pique-niquer, ensuite on arrivera à la maison de vacances. Le lendemain, on ira à la plage… ». Donnez-lui une vision chronologique accessible de ce qui l’attend.
Utiliser des supports visuels : Les outils visuels sont d’un grand secours pour les enfants DYS (en particulier dyspraxiques ). Pourquoi ne pas afficher un petit planning illustré des vacances ? Un calendrier avec les jours et une image représentant l’activité principale de chaque jour (ex : un dessin de tente pour les jours de camping, un logo de parc d’attraction pour le jour J). Vous pouvez aussi dessiner l’itinéraire du trajet sur une carte simplifiée, ou montrer sur une horloge les heures de départ/arrivée. Ces repères visuels le rassureront. Autre astuce magique pour les transitions et l’attente : le Time Timer ou minuteur visuel, qui montre le temps qui passe avec un disque coloré. Si votre enfant a du mal avec la notion de temps, dire « on s’arrête dans 15 minutes » est abstrait ; montrez-lui plutôt le Timer réglé sur 15 min, il verra le disque rouge diminuer. En voiture, ça aide à patienter (“encore ce petit bout de rouge et on est arrivés”). Idem pour « dans 10 minutes on part de la plage » : le visuel l’aide à se préparer mentalement, réduisant le stress des changements.
- Conserver quelques routines : Vacances oui, mais on n’est pas obligés de tout bouleverser. Les enfants DYS, comme beaucoup d’enfants, se sentent en sécurité avec certaines routines. Essayez de garder des repères familiers malgré le contexte nouveau. Par exemple, si à la maison le rituel du coucher c’est histoire + veilleuse, faites de même en vacances (emmenez son livre préféré et sa petite veilleuse nomade). Si votre enfant a des exigences alimentaires ou des goûts très marqués, prévoyez dans la glacière ou les bagages quelques-uns de ses snacks familiers pour les premiers jours. Parfois, la nourriture locale peut le déstabiliser ; avoir ses biscuits habituels ou son chocolat en poudre du matin peut faire toute la différence en termes de réconfort. De même, maintenez autant que possible des horaires de repas et de dodo proches de ceux de l’année (sans gâcher la spontanéité des vacances, bien sûr, mais évitez de totalement chambouler son horloge interne). Ces petits éléments de routine serviront d’ancrage rassurant dans un océan de nouveautés.
- Objets “doudous” et outils apaisants : N’oubliez pas d’emporter les objets qui le réconfortent. Le doudou bien sûr (s’il en a encore un, même à 10 ans – on ne juge pas, on prend !), une petite lampe s’il a peur du noir, ses écouteurs ou casque anti-bruit s’il supporte mal les sons forts, éventuellement un petit jouet fidget (hand spinner, balle anti-stress) pour l’aider à canaliser son énergie dans les moments d’attente. Ces objets anti-stress ne prennent pas de place et peuvent vraiment sauver la mise lors d’un retard de train ou d’une file d’attente au musée. Une maman recommande toujours d’avoir un squishy ou une balle sensorielle dans la poche de son enfant, un petit truc à tripoter discrètement qui l’apaise. Pensez-y également en avion ou en voiture : une balle à pétrir, ça occupe les mains et détend.
Cahier de voyage et outils numériques
Voyager avec un enfant DYS à l’ère numérique offre quelques avantages supplémentaires. Votre smartphone ou tablette peut se révéler un allié. Par exemple :
- Applications de communication : Pour un enfant dysphasique ou ayant du mal à s’exprimer, envisagez de télécharger une app de communication illustrée (type TalkTablet ou LetMeTalk) où il peut appuyer sur des pictos pour se faire comprendre (pratique au restaurant s’il n’ose pas parler au serveur : il peut vous montrer qu’il a faim ou qu’il veut aller aux toilettes via l’appli). Si vous voyagez à l’étranger et que la langue est une barrière, Google Translate en mode image/voix peut vous aider à traduire des menus ou des consignes instantanément en pointant la caméra dessus.
- Lecture et orientation : Un enfant dyslexique peut se sentir perdu face aux panneaux dans les gares ou aéroports. Faites-lui découvrir l’outil de lecture vocale de votre téléphone : pointez l’appareil photo sur un panneau, l’application lit le texte à haute voix. C’est magique et ça le rend plus autonome dans les déplacements. De même, Google Maps en mode piéton avec guidage vocal peut lui être utile s’il a du mal à lire un plan. Impliquer votre enfant dans la navigation (« guide-nous jusqu’à la plage avec le GPS ») est à la fois valorisant et formateur.
- Divertissement malin : Occuper un enfant pendant les trajets, c’est le lot de tous les parents. Avec un enfant DYS, on peut essayer de joindre l’utile à l’agréable. Téléchargez à l’avance quelques livres audio jeunesse pour les longs trajets en voiture (une histoire captivante à écouter tous ensemble, ça passe le temps et ça travaille la compréhension orale). Pensez aussi aux podcasts pour enfants ou aux musiques qu’il aime – chanter en voiture détend tout le monde. Sur la tablette, chargez quelques jeux éducatifs qu’il apprécie (sans en abuser pour ne pas provoquer l’effet « écran-zombie »). Et pourquoi pas lancer un journal de voyage numérique : donnez-lui un appareil photo simple (ou votre téléphone sous supervision) pour qu’il prenne chaque jour une ou deux photos de ses moments préférés. Le soir, aidez-le à écrire une courte légende qu’il tape lui-même et envoyez la photo-légende à papy/mamie ou sur un petit blog de famille. Non seulement ça l’occupe intelligemment, mais en plus ça crée un souvenir concret de ses vacances.
Encourager l’autonomie, petit à petit
Les vacances sont un terrain idéal pour travailler l’autonomie de votre enfant DYS, car on a (en général) plus de temps et moins de contraintes qu’en période scolaire. C’est le moment de lui laisser essayer de nouvelles responsabilités, adaptées à ses capacités. Quelques idées :
- Le responsabiliser sur de petites tâches : Par exemple, confiez-lui le billet de train ou sa carte d’embarquement d’avion (si cela ne le stresse pas trop). Montrez-lui comment on la scanne ou la présente au contrôleur. Il sera fier d’être “en charge” de quelque chose d’important. Vous pouvez aussi lui donner un petit budget souvenirs à gérer tout seul pendant le séjour (quelques euros, qu’il compte, avec lesquels il décide quoi s’acheter). Ces exercices de vie pratique renforcent sa confiance et exercent ses compétences (lire un horaire, manipuler de l’argent…) en conditions réelles.
- Le laisser choisir et guider certaines activités : Une journée, proposez-lui d’être “le chef” qui décide de l’emploi du temps (dans des options limitées bien sûr). Par exemple : « Demain, tu préfères qu’on aille à la piscine ou faire une balade en vélo ? À toi de choisir le programme, c’est ta journée ! ». En le laissant exprimer ses préférences et prendre des mini-décisions, vous lui montrez que son avis compte. S’il est dyspraxique, il aura peut-être des idées plus simples physiquement ; s’il est dysphasique, il pourra vous l’indiquer par gestes ou images. Respectez ses choix autant que possible. Cela lui donne le sentiment de contrôle sur ses vacances, ce qui réduit l’anxiété et lui apprend à s’organiser.
- Encourager l’auto-soin et la routine : Loin de la maison, c’est l’occasion de le responsabiliser sur ses affaires. S’il oublie souvent sa veste ou son sac, aidez-le à mettre en place une routine du soir : chaque soir, il prépare avec vous ses affaires pour le lendemain (ex : son petit sac à dos avec la bouteille d’eau, la casquette, etc.). Utilisez une mini-liste imagée s’il le faut. Petit à petit, voyez s’il peut le faire seul. En camping ou location, donnez-lui une tâche fixe : par exemple, mettre le couvert à chaque repas, ou être chargé d’ouvrir les volets le matin. Des choses simples, mais valorisantes : « Grâce à toi la table est prête, tu es un vrai chef ! ». Ces responsabilités adaptées le font gagner en autonomie et en estime de lui.
Les pièges à éviter
Malgré toute notre bonne volonté, certaines situations piège peuvent survenir. Mieux vaut les connaître pour s’y préparer :
- Surcharger le planning : Vouloir rentabiliser les vacances à tout prix en faisant trop d’activités chaque jour peut conduire à un meltdown (effondrement) pour un enfant DYS qui a besoin de pauses. Évitez le syndrome “visiter 5 musées en 2 jours”. Mieux vaut en faire moins, mais dans le calme et le plaisir. Prévoyez toujours des temps vides (sieste, lecture, jeu libre) entre les grosses sorties. Un itinéraire flexible est votre ami . Si un matin il est KO, n’hésitez pas à décaler la visite prévue l’après-midi ou au lendemain. Les vacances doivent rester un plaisir, pas un marathon.
- Vouloir tout gérer tout seul : En tant que parent, on a tendance à surprotéger son enfant DYS en voyage (“je vais parler à sa place, je vais faire ceci pour être sûr que…”). Mais attention à ne pas s’épuiser ni l’infantiliser. Si un problème survient (valise égarée, imprévu quelconque), impliquez-le dans la recherche de solution plutôt que de le mettre à l’écart. Bien sûr, on évite de lui transmettre nos propres stress : restez zen (ou faites semblant 😇). Mais vous pouvez lui expliquer calmement la situation et comment vous allez la résoudre ensemble. Cela le préparera à affronter l’inattendu dans la vie. Évitez également de le sur-stimuler en voulant “profiter” de chaque instant pour travailler quelque chose. Lâchez prise sur la pédagogie par moments, et juste profitez en famille.
- Comparer avec les autres ou avec “la normale” : En vacances, on croise d’autres familles, d’autres enfants. Gardez-vous de petites phrases du type « Regarde, le garçon de ton âge là-bas arrive bien à nager tout seul, toi tu as encore ta bouée… ». Cela peut vous échapper sous le coup de la frustration, mais c’est très blessant et inutile. Votre enfant aura son moment de gloire sur d’autres aspects. De même, évitez de constamment « tester » ses acquis pendant le voyage (genre, on passe devant une affiche « tiens tu arrives à la lire ? » sur chaque panneau). Lâcher un peu la pression évaluative fait du bien à tout le monde. Profitez juste de l’instant.
Enfin, prenez aussi soin de vous, parents. Voyager avec un enfant aux besoins spécifiques demande une énergie et une patience accrues. Prévoyez si possible des moments de relais (un autre adulte qui prend le relais une heure ou deux, ou inscrire l’enfant à une mini-club activité qu’il aime pendant que vous soufflez). Des parents détendus, c’est un enfant plus détendu aussi. 😉
Conclusion
Partir en vacances avec un enfant DYS, c’est comme prendre la route avec un copilote un peu spécial : il faut adapter son itinéraire, rouler tranquillement et faire des pauses, mais la destination vaut le voyage. Avec une bonne préparation, les bons outils (checklists, objets rassurants) et beaucoup d’amour, ces vacances peuvent devenir une formidable aventure familiale. Vous verrez votre enfant s’épanouir dans un contexte moins formel que l’école, gagner en assurance en participant aux préparatifs, et s’émerveiller de nouvelles découvertes à son rythme. En anticipant les difficultés et en restant flexible, vous éviterez bien des crises et transformerez les imprévus en fous rires (ou en anecdotes pour plus tard). Surtout, vous créerez ensemble des souvenirs précieux – et c’est bien là l’essentiel. Bon voyage à tous, et belles vacances DYS-friendly ! 🚀
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