Lecture à l’ère de l’IA : la fin du texte traditionnel ou une nouvelle opportunité pour les DYS ?

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Une révolution silencieuse dans notre manière de lire

Pendant des siècles, lire signifiait tourner les pages d’un livre, du début à la fin, à son rythme, souvent dans le silence. Aujourd’hui, notre rapport à la lecture a profondément changé. L’écran a remplacé le papier pour beaucoup d’entre nous, et les livres côtoient désormais podcasts, vidéos, résumés audio et contenus interactifs.

Si cette transformation concerne tout le monde, elle touche particulièrement les jeunes générations, qui passent moins de temps à lire des textes longs. Pour certains, l’IA et le numérique sont venus enrichir leurs lectures. Pour d’autres, ils les remplacent carrément.

Une baisse mesurable du temps passé à lire

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en dix ans, le pourcentage d’adultes lisant au moins un livre par an est passé de 55 % à 48 %. Chez les adolescents, la chute est encore plus marquée : seuls 14 % des jeunes de 13 ans lisent « pour le plaisir » presque tous les jours, contre 27 % auparavant.

Cela ne veut pas dire que les jeunes lisent moins de mots – au contraire, ils sont constamment exposés à du texte via leurs smartphones – mais ces lectures sont souvent fragmentées : un fil Instagram, un article sur un site d’actualités, un thread sur Reddit… Peu d’occasions d’entrer dans un récit long, dense et structuré.

L’IA change notre rapport au texte

Avec l’arrivée de ChatGPT, Gemini ou Claude, l’IA peut désormais lire et comprendre des quantités colossales de textes, puis nous en livrer une version condensée, adaptée à notre niveau ou à notre besoin du moment.

Concrètement, cela veut dire :

• Résumer un roman en quelques paragraphes.
• Réécrire un texte ancien ou complexe avec un vocabulaire plus simple.
• Transformer un article en audio pour l’écouter en marchant.
• Extraire les points clés d’un livre pour réviser ou préparer un exposé.

Pour une personne DYS, ces possibilités sont une aubaine. Un texte difficile devient accessible en quelques secondes, et l’on peut alterner entre la version complète et la version simplifiée selon ses forces et ses envies.

Des textes « remixés » à la demande

Historiquement, le résumé ou l’adaptation était un travail long, confié à des éditeurs spécialisés (comme les Reader’s Digest Condensed Books ou Blinkist). Aujourd’hui, cette personnalisation se fait en temps réel, pour n’importe quel texte.

On peut imaginer un futur où la plupart des lectures commenceront par une version courte ou adaptée, et où l’accès au texte original sera une option, comme écouter un morceau radio-edit avant de découvrir la version intégrale d’un album.

Les limites de cette lecture assistée

Certaines œuvres ne se prêtent pas bien à la condensation. Lire un résumé des Quatre Saisons de Vivaldi ou de Guerre et Paix ne donne pas la même expérience. De même, pour un roman riche en atmosphère, en style et en subtilités, simplifier le texte, c’est aussi perdre une partie de son âme.

De plus, si l’IA peut « lire » et analyser, elle ne vit pas l’émotion de la lecture. Elle ne s’émerveille pas, ne rit pas, ne ressent pas la tension dramatique. C’est là que l’humain garde un avantage indéniable.

Un outil puissant pour les DYS

Pour les personnes ayant des troubles de la lecture, l’IA peut devenir un compagnon :

• Elle reformule en langage clair.
• Elle lit à haute voix avec une voix naturelle.
• Elle met en page le texte pour réduire la fatigue visuelle.
• Elle permet d’adapter la longueur et la difficulté à la concentration disponible.

Cela ne remplace pas le plaisir de plonger dans un livre, mais cela donne plus de points d’entrée vers la lecture.

Vers une culture de lecture « augmentée »

Si la tendance se confirme, la lecture traditionnelle deviendra peut-être une pratique plus rare, réservée aux passionnés ou aux contextes éducatifs. Mais loin de signer la fin des textes, cette évolution pourrait rendre l’accès à la connaissance plus inclusif.

Imaginez : au lieu de forcer un élève DYS à lire un livre en entier, on pourrait lui proposer un chemin de lecture progressif :

1. Résumé simplifié pour comprendre l’histoire et les concepts.
2. Version audio pour s’immerger autrement.
3. Extraits originaux pour apprécier le style de l’auteur.
4. Texte complet si la curiosité est au rendez-vous.

Lire demain : original ou adapté ?

Demain, « être bien lu » ne voudra peut-être plus dire avoir dévoré des centaines de pages, mais savoir naviguer entre différents formats et niveaux d’information.
Pour les DYS, c’est une formidable opportunité : l’IA peut s’adapter à leur manière de lire, et non l’inverse.