Top jeux de société pour enfants dyspraxiques

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Attraper des pions, manipuler des cartes, construire un puzzle sous la pression du sablier… Pour un enfant dyspraxique, les jeux de société classiques peuvent vite se transformer en défi de motricité pas très amusant. La dyspraxie (trouble de la coordination motrice) affecte la gestuelle fine, l’organisation des mouvements, parfois la vision spatiale – bref, tout ce qui peut être sollicité lors d’une partie de Jenga ou de Mikado ! Pourtant, ce n’est pas une raison pour priver nos petits maladroits plein de malice du plaisir de jouer. Au contraire, jouer en famille peut même être une excellente manière d’améliorer leur coordination en douceur, tant que le jeu est adapté à leurs besoins. Dans cet article, nous allons explorer des jeux de société spécialement adaptés aux enfants dyspraxiques, ou modifiables pour eux, à déguster pendant les vacances et soirées estivales. Préparez-vous à découvrir des jeux où l’adresse rime avec tolérance, où la motricité fine se pratique en s’amusant, et où votre enfant pourra briller sans que sa “maladresse” vienne gâcher la partie.

Dyspraxie et jeux de société : quels défis ?
La dyspraxie se manifeste par des difficultés à planifier et exécuter les gestes. Un enfant dyspraxique peut avoir du mal à tenir correctement ses cartes, à lancer un dé sans l’envoyer valser hors de la table, ou à placer précisément une pièce de puzzle. Il peut aussi inverser des directions, manquer de précision dans ses mouvements, ou se fatiguer plus vite sur des tâches motrices. Dans un jeu de société standard, ça peut donner : des cartes tombées partout, une installation du jeu laborieuse (les petites pièces qui ne tiennent pas en main), des constructions qui s’effondrent, etc. Sans parler de la fameuse écriture : si le jeu requiert de noter des scores ou de dessiner (hello Pictionary), cela peut être compliqué pour lui. Résultat, l’enfant dyspraxique peut perdre en confiance et intérêt s’il se sent gauche à chaque fois qu’il joue.

Heureusement, il existe une foule de jeux inclusifs ou adaptables. Par ailleurs, de nombreux jeux de société ne requièrent pas forcément une motricité fine parfaite, et peuvent même être un terrain d’entraînement amusant pour ces habiletés. Notre but : trouver des jeux où la manipulation est facilitée (grosses pièces, tempo lent, coopératif, etc.) et où l’on peut incorporer le petit coup de pouce nécessaire sans gâcher le jeu (par exemple, un support pour tenir les cartes).

Bien, passons maintenant aux jeux recommandés pour nos petits dyspraxiques, pour des vacances pleines de fun et de progrès !

Sélection de jeux adaptés pour enfants dyspraxiques

Croc Dog (de Goliath) ( 4+ | 22€ )  : Ce jeu amusant a déjà été recommandé par des psychomotriciens pour travailler la motricité fine . Le principe : un chien en plastique dort, avec plein d’os autour de lui ; les joueurs doivent piquer un os sans réveiller le chien (qui claque en grognant si on le dérange). C’est un jeu d’adresse, mais très ludique et on peut ajuster la difficulté (par exemple, autoriser l’enfant dyspraxique à utiliser ses deux mains, ou à bouger plus lentement). Ce jeu développe la coordination œil-main et le contrôle gestuel, dans un contexte drôle (les enfants adorent le suspense du chien qui peut se réveiller). L’avis d’une experte note que « Croc Dog permet de travailler la concentration, le contrôle et la motricité fine, tout en s’amusant avec un petit frisson qui plaît aux enfants » . Parfait dès 4-5 ans.

La course des tortues (jeu de plateau) (5+ | 22€)  : Un adorable jeu où chaque joueur incarne une tortue qui doit atteindre la salade au bout du jardin. Les tortues avancent lentement, et surtout elles peuvent monter l’une sur l’autre. Pourquoi c’est bien ? Parce qu’il n’y a pas de manipulation rapide ni précise requise : on bouge une tortue d’une case à la fois, tranquillement. Les pions tortues sont assez grands et stables. Le jeu se base plus sur la réflexion (deviner quelle tortue appartiennent aux autres) que sur l’adresse. De plus, c’est un jeu lent et stratégique, idéal pour un enfant qui a besoin de temps pour planifier ses gestes. Aucune écriture, pas d’éléments trop petits – bref, accessible.

  • Little Action (de Djeco) ( 2-5 ans | 20€ )  : Un jeu conçu pour les tout-petits (2½ – 5 ans) avec de grosses figurines d’animaux en plastique. C’est une suite de petits défis moteurs rigolos (lancer un animal et le rattraper, faire une pyramide avec 3 animaux, etc.). Même si c’est pensé pour des plus jeunes, un enfant dyspraxique de 6-7 ans pourrait très bien y trouver son compte comme exercice d’entraînement tout en s’amusant. On y joue en coopération ou léger challenge, sans pression. Ce jeu améliore la dextérité de base et la coordination, tout en étant très indulgent (les animaux sont conçus pour être faciles à manipuler). Parfait en vacances pour jouer sur la nappe de pique-nique !

Circuit de billes géant (type Gravitrax ou autres) 8+ | 30€ : Les circuits de billes, vous savez, ces constructions où on fait rouler des billes dans un parcours qu’on assemble soi-même… Eh bien figurez-vous que c’est un jeu/jouet très intéressant pour les dyspraxiques. D’une part, l’enfant manipule des pièces de bonne taille, enclenche, construit – ça entraîne la motricité fine et la vision spatiale d’assembler des éléments. D’autre part, il voit le résultat concret (sa bille roule jusqu’en bas, génial !). On peut le faire en équipe pour l’aider à construire. Une psychomotricienne souligne que ce type de jeu « stimule la concentration, la coordination et la motricité fine pour le montage du circuit ». En plus, l’enfant apprend par essais-erreurs (si le circuit s’écroule, on recommence, etc.) sans que ce soit grave. C’est un jeu où on peut passer du temps ensemble, et la réussite finale valorise ses efforts. Bien sûr, il faut que l’enfant aime construire et ait la patience – mais souvent voir la bille dévaler motive énormément. À jouer plutôt en mode libre que concours du circuit le plus grand.

  • Bazar Bizarre (version normale ou junior) : Surprenant de le trouver ici, car c’est un jeu de rapidité visuelle à la base. Cependant, Bazar Bizarre consiste à attraper des petits objets en bois sur la table selon certaines conditions. On peut en faire un outil pour travailler l’impulsivité et la coordination. L’astuce pour un enfant dyspraxique : jouer en mode “réflexes lents”. Au lieu de vitesse, on peut par exemple dire qu’on joue chacun son tour : on retourne une carte, le joueur actif doit prendre l’objet correct. Ça entraîne la coordination œil-main (attraper l’objet) sans la compétition. Les objets (fantôme, bouteille, fauteuil, etc.) sont d’une taille suffisante pour être saisis. Ce jeu a été salué pour travailler la maîtrise de l’impulsivité et la concentration– deux domaines utiles aussi aux dyspraxiques pour planifier leur geste avant de foncer. Donc, en adaptant le rythme, Bazar Bizarre peut devenir un bon exercice ludique.

Jeux coopératifs de dextérité : Considérez des jeux où on doit réaliser ensemble une tâche d’adresse. Par exemple, La Danse des œufs (HABA) où il faut tenir des œufs en plastique à différents endroits du corps – rigolade garantie, tout le monde est maladroit, l’enfant dyspraxique ne sera pas plus “maladroit” que papa avec un œuf coincé sous le menton ! 😁 Ou Hop Hop Hop (Djeco), un jeu coopératif où on doit déplacer moutons et ponts avant que le vent (un loup en réalité) ne souffle tout. On manipule ensemble les pièces, ce qui atténue la pression sur l’enfant (il est aidé). Les jeux coopératifs en général mettent moins l’accent sur la performance individuelle, ce qui est positif. Forbidden Island (L’Île interdite) par exemple est coopératif et ne requiert pas de gestes précis, seulement de déplacer un pion sur un plateau – très faisable.

Puzzles collaboratifs chronométrés : Ce n’est pas exactement un jeu de société, mais voici une activité sympa pour travailler la visuo-spatialité. Prenez un puzzle adapté à son niveau (par ex 30 pièces ( 5-6 ans ), 50 pieces (6-7ans) ou 100 pièces (7-8 ans) avec de grandes pièces) et faites-en un jeu collectif. Vous pouvez dire « On se donne 15 minutes pour faire ce puzzle ensemble ! » et mettre un minuteur. L’enfant va chercher et assembler les pièces avec vous. Pas grave s’il a du mal, vous êtes là pour l’aider à orienter les pièces. C’est le “défi de l’équipe”, pas juste lui. Au passage, il apprend à analyser les formes, les agencer – pile ce que la dyspraxie rend compliqué, mais dans un contexte ludique et partagé. Et la satisfaction du puzzle fini à temps est énorme ! Vous pouvez complexifier selon ses progrès en réduisant le temps ou en augmentant le nombre de pièces petit à petit.

Astuces pour faciliter le jeu à un enfant dyspraxique
Avant la liste des jeux, quelques astuces pratiques pour rendre n’importe quel jeu plus accessible à un enfant dyspraxique :

  • Utiliser des aides physiques : Un accessoire tout simple peut changer la donne. Par exemple, le porte-cartes (un petit support en plastique ou bois où on insère ses cartes, très utilisé par les enfants et personnes âgées) évite à l’enfant de devoir tenir un éventail de cartes en main – fini les cartes qui tombent ou qui s’éparpillent. Pour déplacer des pions, n’hésitez pas à choisir des pions de taille plus grande que ceux d’origine si possible (il existe des kits de pions larges, ou empruntez un pion d’un autre jeu plus gros). Sur certains jeux style Memory, on peut coller un petit bout de pâte à fixe sous les cartes pour qu’elles soient plus faciles à attraper (ou bien les disposer sur un tapis antidérapant). Bref, on bricole un peu le matériel pour le rendre plus préhensible.
  • Supprimer la contrainte de vitesse : Beaucoup de jeux deviennent stressants pour un dyspraxique s’ils sont basés sur la rapidité (ex: Jungle Speed, Bazar Bizarre…). Si vous voulez y jouer, virez purement et simplement la règle de “vitesse” ! Jouez au tour par tour, ou donnez à l’enfant une petite longueur d’avance. Ex: dans Jungle Speed, convenez que c’est lui qui peut attraper le totem en premier sans qu’on lui dispute, ou utilisez la version coopérative du jeu s’il y en a une. De manière générale, optez pour des jeux sans sablier ou avec un sablier “optionnel”.
  • Simplifier l’espace de jeu : Un enfant dyspraxique peut être submergé par un plateau trop encombré visuellement (il ne repère plus son pion, etc.). Essayez d’alléger le plateau : par exemple, ne sortez que les pièces nécessaires, évitez de tout éparpiller. Vous pouvez marquer l’emplacement où il doit lancer le dé avec un sous-verre ou un petit bol (pour éviter les lancers hors de la table). Installez-le confortablement, bien en face du jeu (pas de travers), et pourquoi pas sur un tapis moelleux au sol si la table est trop haute pour lui (parfois être assis par terre donne plus de liberté de mouvement pour manipuler).
  • Encourager sans surprotéger : Il est tentant de vouloir “faire à sa place” pour aller plus vite ou éviter qu’il renverse tout. Mais l’objectif est aussi qu’il gagne en habileté et en autonomie. Donc, laissez-le faire le maximum seul, tout en restant prêt à aider s’il le demande ou si vous voyez la frustration monter. Par exemple : il essaye d’empiler un bloc en équilibre et ses mains tremblent – s’il est ok, guidez doucement sa main plutôt que de faire vous-même. Ou proposez-lui une alternative (“Tu veux me décrire où poser le bloc et c’est moi qui le fais ?”). On peut adapter sur le moment, du moment que l’enfant garde le contrôle et le plaisir du jeu.

Valoriser les progrès cachés
Quand on joue avec un enfant dyspraxique, il faut parfois souligner les petits progrès qu’il ne réalise pas lui-même. Par exemple, « Hé, tu as vu, tu as empilé 4 blocs sans faire tomber la tour, la dernière fois on s’arrêtait à 3 ! » ou « Aujourd’hui tu as réussi à tenir toutes tes cartes sans les faire tomber, bravo ! ». Ce genre de remarques l’aide à prendre conscience de son évolution. Attention, on ne parle pas de “performance” devant tout le monde au risque de le gêner ; on peut le glisser discrètement ou après coup, en aparté. L’idée est qu’il comprenne que oui, en jouant il s’améliore, ce n’est pas qu’un slogan.

Par ailleurs, accordez-lui des réussites. Par exemple, laissez-le gagner de temps en temps (de toute façon la chance fait que ça arrivera), et montrez-lui que vous êtes fier de lui pour le jeu en tant que tel, pas juste parce qu’il a “bien manipulé”. Un enfant dyspraxique peut avoir une estime de soi entamée par les moqueries ou échecs à l’école en sport/écriture ; les soirées jeux en famille sont l’occasion de renforcer sa confiance dans un environnement sûr. Montrez-lui qu’il est un partenaire de jeu apprécié, amusant, ingénieux, bref, qu’il apporte autant que les autres au moment de plaisir.

Conclusion
Les enfants dyspraxiques ont, comme tous les enfants, le droit de s’amuser avec les jeux de société sans angoisse. En choisissant des jeux avec de grosses pièces, en éliminant la contrainte de vitesse et en autorisant toutes les petites adaptations matérielles, on peut constituer une ludothèque de vacances où la maladresse n’est plus un problème. Mieux, ces jeux participeront à améliorer leur coordination, petit pas par petit pas, tout en passant de bons moments en famille. L’essentiel est de garder un esprit de bienveillance et de créativité dans l’adaptation : on ne laisse pas une règle ou un pion trop petit gâcher le plaisir ! Avec un peu d’attention et d’entraînement ludique, vous verrez votre enfant gagner en aisance et en sourire. Et n’oubliez pas : dans un jeu, l’important c’est de rire ensemble, pas de faire tout parfaitement. Alors cet été, empilez, lancez, attrapez, en un mot : jouez – sans modération et sans pression ! 😄

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